Toute son enfance, Martin l’a passé dans une salle d’armes à Paris, entre les chocs rapière contre rapière, et les conseils aboyés par son père : l’un des plus célèbres maîtres d’armes de la capitale. Fils prodigue, unique, dès qu’il fut en âge de marcher on lui plaça une épée entre les paumes dans l’espoir qu’il se révélerait aussi à l’aise que son père, et qu’il acquerrait le goût des armes au fil des ans. Malheureusement, il s’avéra que le jeune garçon se passionna plus pour les chevaux que pour le maniement des lames – au grand désespoir de son père. Souvent, il s’échappait pour rejoindre les écuries locales, se couchant avec les chevaux, apprenant à les comprendre et à les dresser avec un vieux valet d’écurie qui lui a tout enseigné. Une nuit que le roi passait aux tuileries, un incendie se déclara dans les écuries royales et le jeune homme, proche des lieux se précipita pour aider à sauver les animaux et maîtriser les flammes. Au lever du jour, il était méconnaissable. Mais après que tous se soient débarbouillés, on ne put que reconnaître son mérite et alors, pour le remercier, le roi lui offrit de réaliser son voeux : devenir écuyer dans ses écuries. Cela fait maintenant un an qu’il s’occupe des chevaux royaux, et si les relations entre père et fils restent tendues, Martin est plus heureux que jamais.

Dernière fille d’une famille de la haute bourgeoisie parisienne, Mathilde a toujours été une enfant rebelle, capricieuse, irrespectueuse de toutes formes d’autorités. Ses précepteurs la haïssaient, et elle le leur rendait bien. Quant à sa nourrice, elle ne parvint jamais à faire d’elle ce qu’elle nommait « une jeune fille convenable ». Malgré cela, personne ne s’attendait à ce que Mathilde, à l’aube de ses seize ans, s’enfuit pour se marier avec un modeste acteur de théâtre. Cet événement eut un retentissement dans la sphère bourgeoise, et depuis les Duchâtelet tente tant bien que mal de dissimuler le déshonneur apporté par cette fille indisciplinée. La jeune adolescente, follement amoureuse de ce charmant acteur auquel elle donna sa vertu et sa main, découvrit avec lui le monde du théâtre. Elle se révéla assez bonne actrice, et au contact de son époux elle devint même une artiste reconnue dans les milieux artistiques parisiens. Devenue veuve à ses 22 ans, elle n’a pas quitté la troupe qui continu aujourd’hui de la faire connaître au sein de la noblesse parisienne. Célèbre pour sa beauté, autant que pour son talent d'actrice dramaturgique, Mathilde sait jouer de sa féminité pour obtenir des cadeaux de riches spectateurs, offrant ses faveurs à ceux qui lui plaisent et qui peuvent lui apporter de la renommée.

Rien ne prédestinait la jeune gitane à côtoyer les plus hautes sphères du royaume.

Née d’une mère française et d’un père bohémien, Salomé vit les premières années de sa vie dans le plus grand dénuement. Obligée de mendier pour survivre avec ses autres frères et sœurs, la fièvre s’abat sur son foyer alors qu’elle n’a que dix ans, la laissant orpheline de père et de mère. Envoyée à l’hospice, et recueillie par les bonnes sœurs, la petite fille douce et vive est rapidement prise en affection par la Mère Supérieure qui lui donne une éducation. Salomé apprend donc à lire, écrire, et à s’exprimer loin du parler des gens du peuple. Pendant un temps, elle pense s’engager dans les Ordres, mais finalement quitte l’hospice à vingt ans pour s’adonner à un art apprécié des plus hautes sphères de la société : la voyance. Ayant appris à lire les cartes et les lignes de la main avec sa grand-mère gitane, Salomé se fait peu à peu un nom dans les grands salons de la société parisiennes, et va même parfois s’adonner à son art dans les salons du roi. Aujourd’hui âgée de trente-deux ans, la gitane est appréciée de par sa beauté exotique, ses facultés de conversations et son « don » de voyance qui lui permet aujourd’hui de vivre confortablement, loin de sa misère d’enfance.