Jean n’a jamais connu que la cour des miracles, fils d’une catin, il aurait tout aussi bien se nommer « Sanspère », toutefois le nom que lui a donné sa mère n’est jamais resté dans les mémoires. Volant en bande dans son jeune âge avec d’autres enfants des rues, il fit ses débuts dans le grand banditisme avec de la contrebande principalement jusqu’à ce qu’un jour, on vienne lui proposer un tout autre genre de contrat : un meurtre, un triple meurtre. Cette nuit là, tout Paris trembla. Sans un remord et avec un grand sérieux, Jean assassina ses victimes. Tous se rappelèrent, tous reculèrent. Il prit alors le pouvoir, par la crainte, achetant ses voix à coups de couteaux, depuis, il fait régner sur la cour des miracles sa propre loi, il n’est plus celui à qui on vient demander des comptes et qui a peur quand la nuit tombe. Il est celui qui exige, celui auquel on rend des comptes, celui à qui on doit tout et pourtant rien. Toutefois, un nouvel ennemi est en ville, le nom de La Reynie est sur toute les lèvres, au coeur de toutes les craintes et il se doit donc de rassurer quand lui même craint pour sa tête, après tout, il se souvient parfaitement du nom de sa plus récente victime et il sait que la police pourrait cette fois-ci bien réussir à retrouver sa trace.

Jolie fille au visage avenant et aux formes généreuses, Héloïse a su jouer de ses atouts pour obtenir la vie dont elle avait toujours rêvée. Aussi, depuis son arrivée dans la capitale en tant que courtisane, peu de gens savent que ce sont les ruelles étroites et l’air salé de La Rochelle qui ont abrité les jeux de son enfance et les premiers balbutiements de sa vie de prostituée. Née de l'union d'une simple lavandière et d'un marin qui ne tarda pas à disparaître, la petite fille arpentait les rues, volant parfois quelques morceaux de pains pour assurer sa subsistance ainsi que celle de sa mère. Cette dernière ne tarda pas à succomber à une forte fièvre qui l'emporta en quelques jours, laissant Héloïse seule et désemparée. Mais loin de se laisser abattre, et ne comptant pas mourir de faim, elle rejoignit une bande d'enfants des rues. Vivant de ses petits larcins, le destin plaça finalement sur sa route un homme richement vêtu qui ne tarda pas à évaluer le potentiel de la gamine dont les courbes naissantes lui semblaient prometteuses. C'est ainsi qu'il l'emmena dans un établissement parisien, qu'il finançait en grande partie : un bordel qui lui enseigna toutes les manières de satisfaire un homme. Si d'abord cela rebuta Héloïse qui se montra farouche, elle comprit que c'était un moyen de s'offrir une vie de luxe, de belles robes ainsi qu'une éducation à laquelle elle n'aurait jamais eu accès sans cette chance qu'on lui offrait. Cela signifiait un nouveau train de vie. Et elle se laissa prendre au jeu.

Depuis, ses services raffinés ne sont proposés qu'aux plus privilégiés des hommes de la capitale, des hommes qui parlent souvent et se confient sur leurs vies et leurs responsabilités. Alors elle retient. Elle garde ces petites informations précieusement dans un coin de son esprit, persuadée qu'un jour, tout ceci lui sera utile pour se faire une place définitive au sein de cette noblesse qui se sert d'elle pour servir leurs plaisirs. Car oui, Héloïse vieillit, et elle sait que jamais elle n’acceptera de retourner dans la rue.

Flynn n’a pas toujours été borgne, il fut un temps où ses deux yeux ravissaient de leur bleu glacial. Orphelin à l’âge de sept ans, des suites d’un incendie, il a dû apprendre à se débrouiller seul, à survivre dans la rue malgré son jeune âge. Et il a survécu, il se faisait petit à petit une place au sein de la cour des miracles, mendiant, il volait parfois un quignon de pain ou une bourse en plus et cela finit par attirer l’oeil des tireurs de bourses. On lui proposa de franchir une nouvelle marche : de devenir l’un des « maîtres ». Orgueilleux, il n’écouta pas alors les conseils que l’on put lui prodiguer et échoua à la première épreuve, il entend encore parfois la nuit sonner cette infernale clochette qui avait tintait la fin de son parcours. C’est alors qu’on le battait pour cet échec cuisant qu’un mauvais coup le priva définitivement de l'usage de son oeil droit, un mauvais coup qui scella son destin aux yeux de la société des bas fonds parisiens, il serait mendiant piètre, usant de son infirmité pour inviter les passants à se montrer généreux. Toutefois, Flynn n’est pas satisfait de son sort, bien au contraire, un jour il le leur fera cher payer, mais d’ici là il devra se montrer patient, le moindre faux pas pourrait cette fois lui être fatal.