Le nom des Lusignan est ancestral. Compagnon de Saint-Louis durant les Croisades médiévales, leur richesse et leur prospérité sont peu à peu tombés dans l’oubli, bien que leur patronyme soit considéré comme l'un des plus anciens du Royaume. Née dans un contexte familial relativement tendu en raison de leur grand dénuement, Isabeau a été élevée par sa mère, et son grand-père - son père ayant été emporté par sa santé fragile peu après sa naissance. Grandissant dans les souvenirs de leurs heures de gloire, dans les récits héroïques de ses ancêtres, l’enfant a développé un caractère fier et orgueilleux, bien que sa douceur ainsi que sa compassion viennent contrebalancer ces défauts.
N’ayant pas les moyens de s’offrir les services d’un précepteur, elle fut envoyée dans un couvent parisien afin de parfaire son éducation et d’en faire une jeune fille de bonne famille, parfaitement rangée. Alors qu'elle sort tout juste du couvent, le sort de sa famille repose sur ses frêles épaules. En effet, pour eux, seul un mariage avantageux pourra permettre de renflouer les caisses familiales, et d’assurer à la jeune fille. Recevant une pension pour les jeunes filles de bonne famille en plein dénuement, Isabeau sert de dame de compagne à la reine Marie-Thérèse depuis quelques mois maintenant, son nom prestigieux et sa beauté juvénile renforçant l’entourage prestigieux de la souveraine.

Si on demandait à Philippe ce qui fait tourner le monde, il répondrait sans doute l’argent. En effet, né dans une vieille famille de noblesse normande, le jeune du Plessis n’a jamais manqué de quoique ce soit durant son enfance. Fils aîné d’une importante fratrie, il fut élevé dans le but unique de succéder à son père. Choyé et gâté comme personne, il reçut une éducation digne des plus grands princes de son temps. Les précepteurs auxquels il fut confié s’arrachèrent les cheveux à faire entrer quelque chose dans la caboche du garçon – sans aucun doute le plus distrait et le plus insolent de toute sa maisonnée. On lui enseigna également le maniement de l’épée, nécessaire à tout jeune noble, ainsi que l’art de la monte à cheval. Cependant, on attendait également de lui qu’il perpétue la lignée, et c’est pour cela qu’il fut marié dès ses dix-sept ans à une jeune fille qu’il n’avait jamais vue de toute sa vie. Une cousine, qu’il relégua rapidement dans l’hôtel particulier en feignant d’ignorer son existence. En effet, pour lui les jeux de cours sont bien plus exaltants que la monotonie des affaires familiales. Son père disparu, il hérita du titre et de la rente quotidienne qui lui était allouée, rente qu’il dilapida très vite en filles de joies et autres jeux d’argents.
La perte progressive de la fortune familiale commence à le rendre fébrile, et tenant malgré tout à conserver son train de vie actuel, il a commencé à emprunter des sommes astronomiques à de mauvaises personnes qui lui réclament maintenant des comptes. Après la mort de sa première épouse, Philippe s'est remarié avec la fille d'un parlementaire : Anne, dont la jeunesse était également fournie avec une fortune proportionnelle à son manque de noblesse. Ce remariage a repoussé l'échéance de sa déchéance, et s'il continue de dilapider son argent l'arrivée d'un héritier pourrait probablement changer la donne.

Ayant grandi dans les vastes terres familiales, en Auvergne, Antoine a toujours été un homme curieux, désireux d’apprendre. Enfant rêveur, la tête tournée vers les étoiles, il ne cessait d’interroger ses précepteurs sur ce monde nouveau qui semblait apparaître chaque fois que la nuit tombait. Comme tout jeune homme de bonne famille, on lui apprit à monter à cheval, à manier l’épée, et à s’établir en maître absolu de son territoire. Mais ce qu’il aimait par-dessus tout, c’était partir vagabonder sur les terres de son père, s’intéressant au rôle que jouait ses paysans et les harcelant de sur leur vie et leur manière de cultiver la terre. Alors, lorsqu’il devint lui-même le marquis de Langeac à la mort de son géniteur, il fut particulièrement apprécié de ses gens. Marié jeune, son caractère doux l’incitant à aimer sans réserve, cette union donna naissance à deux enfants chéris.
Malheureusement, un incendie a réduit sa demeure, sa fortune et ses récoltes en cendre, tout en emportant une épouse aimée et deux enfants. Porté par son chagrin, et la perte de tout ce qu’il aimait, Antoine a quitté son Auvergne natale pour venir à la cour. Il espère que sa détresse touchera le cœur du roi de sorte à sauver la situation dramatique dans laquelle il se trouve, et bien qu’il pense que ce sinistre n’a rien d’accidentel, il espère pouvoir résoudre la situation sans faire couler le sang.