Derrière elle on murmure, devant elle on s’incline. La marquise de Bouillé, au passé aussi sulfureux qu’incroyable délie les langues de la noblesse, et attire les regards des curieux. Superbe femme à l’allure élégante et au maintien aristocratique, il est difficile d’imaginer que ses parents n’étaient que de simples marchands de tissus. Troisième enfant et seconde fille du couple, Juliette se distingua très tôt par sa beauté et son intelligence froide. Dotée d’un talent inné pour le commerce, elle fit ses premiers pas dans la boutique familiale en tant que vendeuse. Ambitieuse, elle fit en sorte de se faire remarquer par un homme beaucoup plus âgé, issu de la haute bourgeoisie – richissime – qui tomba amoureux de la jeune femme. Il l’épousa. Ce fut plusieurs années de fastes, où elle côtoya l’élite parisienne, se cultivant au contact de d’artistes, de penseurs et de littéraires qui vinrent parfaire l’esprit déjà acéré de la jeune femme. Aussi, à la mort de ce premier époux, elle n’eut aucun mal à se remarier. Amant après amant, séduction après séduction, elle acquit le rang de marquise en épousant Pierre de Bouillé dont elle eut deux enfants. Faisant très attention à son physique, à entretenir sa blondeur et la blancheur de sa peau, il ne faut pas se fier aux airs charmants de la marquise, qui est prête à tout par ambition.

Enfant de petit bourgeois, Emile a toujours été un enfant peu porté sur les choses qu’aimaient les autres de son âge. Véritable surdoué, amoureux des chiffres, de la littérature et des arts, il reprit d’abord l’affaire familiale avant de finalement constituer sa fortune en ramenant des produits de luxe des Amériques.

Rachetant sa charge à un noble désargenté, Emile occupe depuis presque 25 ans un siège au Parlement de Paris. Homme ingénieux, craint de ses semblables, aux vengeances froides et meurtrières, il fut l’un des seuls à s’opposer à la Fronde menée contre la famille royale. Rejoignant les rangs des fidèles du roi, cet acte lui valu d’être anoblis il y a quelques années de cela. Soutien fervent du souverain, il est l’un des rares parlementaire à prendre la défense de la famille royale lors du passage de certaines lois et autres décisions royales. Pièce importante de l’échiquier du pouvoir, Emile pense pouvoir bientôt unir sa fille cadette à un noble de sang afin de gagner le respect de ceux qui se jugent encore supérieurs à lui, malgré sa fortune et son pouvoir relativement important pour un homme de son rang. Quant à son fils, il lui apprend les ficelles du métier, bien que son parcours soit semé d’embûche, et qu’il doit subir le mépris de la vieille noblesse lors de ses apparitions à la Cour.

Fille d'un parlementaire au parlement de Paris, Anne est née noble et pourtant enfant de bourgeois. En effet, son géniteur ayant obtenu assez d’argent grâce à son commerce pour acheter une charge anoblissante, le nouveau statut familial ne permis pas aux nouveaux venus d’être acceptés par la vieille noblesse. Née quelques années après cet achat, la fortune de sa famille lui a permis de recevoir des leçons dignes des membres de la famille royale. Recevant sans cesse des cadeaux : livres ; robes somptueuses ; chevaux racés ; Anne n’a jamais manqué de rien.
Pourtant –  méprisée à cause de son ascendance – Anne n’a jamais accepté la réputation qui la précédait. C'est bien pour cette raison d'ailleurs qu'elle a tout fait pour trouver un époux de vieille noblesse, hélas, elle ne pensait pas qu'il ne l'épouserait que pour sa dote, colossale, mais surtout que rien ne pourrait changer sa naissance. Mariée depuis deux ans, et enceinte depuis environ six mois, elle sait qu’elle porte en elle tous les espoirs de son époux : Philippe du Plessis. Celui-ci, après la découverte de l’arrivée imminente d’un héritier, semble avoir changé d’attitude à son égard. Plus attentif, plus attentionné, Anne craint que toute cette tendresse ne change si l’enfant n’est pas un garçon.