Certains destin sont gravés dans le marbre. Celui de Rose était surtout écrit dans le bois du lit qu'elle occupe depuis sa naissance, au sein de La Maison Sophie, et dans lequel aujourd'hui elle fait jouir les hommes pour mieux pouvoir survivre. Née d'une prostituée, il fut difficile de déterminer qui avait pu être son père et cette question demeurera sans réponse.

C'est dans cette maison qu'elle a grandi, l'endroit n'était pas vraiment pour les enfants mais c'était ça ou la rue alors la petite blonde qu'elle était se fit bien une raison, jouant d'abord les serveuses jusqu'au jour de son premier client dont elle ne garde pas le meilleur des souvenirs.

Depuis ce soir là où sa vie bascula, elle a parcouru bien du chemin, jusqu'à devenir la favorite, une place enviée et enviable qui lui donne bien des privilèges au sein de la maison Sophie. Toutefois, Rose veut plus, toujours plus et elle le sait, un jour viendra sa véritable heure de gloire. Là elle n'aura plus jamais besoin de vendre son corps au plus offrant.

Rien ne prédestinait la jeune gitane à côtoyer les plus hautes sphères du royaume.

Née d’une mère française et d’un père bohémien, Salomé vit les premières années de sa vie dans le plus grand dénuement. Obligée de mendier pour survivre avec ses autres frères et sœurs, la fièvre s’abat sur son foyer alors qu’elle n’a que dix ans, la laissant orpheline de père et de mère. Envoyée à l’hospice, et recueillie par les bonnes sœurs, la petite fille douce et vive est rapidement prise en affection par la Mère Supérieure qui lui donne une éducation. Salomé apprend donc à lire, écrire, et à s’exprimer loin du parler des gens du peuple. Pendant un temps, elle pense s’engager dans les Ordres, mais finalement quitte l’hospice à vingt ans pour s’adonner à un art apprécié des plus hautes sphères de la société : la voyance. Ayant appris à lire les cartes et les lignes de la main avec sa grand-mère gitane, Salomé se fait peu à peu un nom dans les grands salons de la société parisiennes, et va même parfois s’adonner à son art dans les salons du roi. Aujourd’hui âgée de trente-deux ans, la gitane est appréciée de par sa beauté exotique, ses facultés de conversations et son « don » de voyance qui lui permet aujourd’hui de vivre confortablement, loin de sa misère d’enfance.

Rien ne destinait Jean a devenir homme de main. Sa famille était au service d'une grande maison de noblesse depuis plusieurs générations, d'honnêtes domestiques fiers de leur loyauté. Mais le destin décida que Jean suivrait une autre voie, plus sombre, plus dangereuse. En effet, le jeune homme qu'il était alors, au service de l'héritier de la maison, l'accompagnait en course quand on tenta de s'en prendre à lui, ce n'était qu'une bandes de voyous, de voleurs. Mais Jean n'a pas laissé faire, il en a empoigné un, lui cassant quelques côtes au passage avant de les mettre en fuite. Cette action héroïque, preuve d'une dévotion totale, son maître ne l'a jamais oublié. Aussi, quand ce dernier commença son mauvais commerce, il pensa en premier lieu à ce serviteur, l'assignant à sa sécurité personnelle, mais aussi à quelques mauvaises actions.

Mais la vie de Jean ne tourne pas qu'autour de son maître, il est marié, père de trois enfants, alors, à cette proposition, pas sans danger, il a ajouté quelques conditions. Ni son épouse, ni personne ne doit jamais savoir et surtout, si il venait à lui arriver quelque chose, tous serait à l'abri. L'argent que lui procure ce nouveau travail lui permet donc de mener une vie plus confortables que ses pères, mais cela vaut-il de sacrifier sa vie ?

Enfant turbulent, la vie de Loïc Cloarec, fils d'un médecin et d'une sage femme, bascula quand il devint orphelin dans un incendie. Recueilli par un curé, celui-ci fit alors de lui son héritier spirituel, l'enfant que Dieu ne lui permettait pas d'avoir. L'histoire de ce petit prêtre de la campagne bretonne pourrait s'arrêter là... Si le jeune Loïc n'avait pas été tenté par le diable.

Ayant reçu l'éducation propre à un homme d'église et formulé ses voeux - répétés entre les cuisses de quelques prostituées -, le jeune homme ne tarda pas à abuser de son autorité d'ecclésiaste... Jusqu'au jour où il se retrouva nez à nez avec un mari jaloux. Contraint de fuir sa ville natale, il gagna alors Paris, à pied, faisant là chemin de croix selon les consignes de son maître à penser. Arrivé à la capitale, il fut reçu par un de ses frères qui sourit avec amusement en comprenant le motif de sa venue.

C'est cet homme-ci qui lui fit connaître le culte noir, l'initia aux célébrations sataniques et le mena dans le chemin de la dépravation... Et Loïc aima ça, bien plus que de réciter un charabia en latin devant des idiots n'en comprenant pas un mot. La mort prématurée de celui qui lui avait le plus appris fit de lui le grand prêtre de ce culte du démon à Paris et le propulsa dans des sphères qu'il n'aurait sans cela jamais atteint côtoyant des gens de la cour, des grandes dames notamment... Bien plus passionnées que toutes celles qu'il avait connu jusqu'à présent.

Toutefois, dans le climat actuel, Loïc se doit de rester prudent, il sait son jeu dangereux et continue donc à dire la messe tous les dimanches au sein de la grande Notre-Dame.