Ariane est née dans une riche famille de commerçants. Ainsi, elle put recevoir une excellente éducation et eut au cours de son enfance de nombreux précepteurs. Mais toujours, quand ses frères aimaient la rigueur et la certitude des mathématiques, elle préférait les sciences plus inexactes qu'exerçaient leur aumônier. Elle trouvait dans la dissection de batraciens et l'empoisonnement des rongeurs quelque chose de passionnant et d'instructif. Le vieil homme quitta ce monde, hélas, avant de lui révéler l'ensemble de ses secrets, toutefois, elle garda toujours à l'esprit cette sordide vénération. Elle fut mariée jeune à un petit noble sans fortune qui apportait le prestige du nom à sa famille en lui ouvrant les portes d'un monde d'excès où elle découvrit bientôt comment ses connaissances pourraient lui servir. Elle allait entamer son petit commerce loin des soupçons de la cour royale quand son époux décéda d'une bien étrange manière, accusée de sorcellerie, elle parvint toutefois à fuir. Ses pas la menèrent alors à Paris où elle savait avoir un cousin mais en apprenant la sordide affaire qu'elle trainait derrière elle, il la jeta dehors. Au fil de ses errances et grâce à ses maigres économies épargnées, elle parvint au fil des années à se reconstruire, changeant son nom pour celui de Langlois et fondant un petit commerce médicinal, où on trouve parfois plus qu'un simple remède contre le rhume ce qui lui vaut dans Paris une réputation de sorcière, un statut qui a de bons et de mauvais côtés, du moins pour le moment.

Seul enfant d’un couple d’aubergiste, le destin de Pierre Lacombe était tout tracé. Pourtant, il mit longtemps à s’y résigner. Enfant, il était fréquent qu’il se perde entre les tables à se laisser bercer par les récits héroïquement exagérés des clients ou qu’il s’échappe pour aller jouer parmi des enfants que sa mère jugeait sévèrement comme étant peu recommandables. Naturellement, on tenta, pour assagir le garçon de lui donner des leçons, des responsabilités mais toujours il retournait dans la rue, attiré par ses danger comme une mouche l’est par une bouse fraîche. Les années passèrent ainsi, Pierre gardait ses amis, faisait les quatre cents coups avec eux, jusqu’à ce que sa mère meure alors qu’il avait seize ans. Alors, malgré ses rêves de liberté, il fut bien obligé de soutenir son père à l’auberge ce qui l’éloignait un peu de la rue et de ses mauvaises fréquentations sans qu’il ne les perde totalement de vue. Pourtant, malgré tout, son père lui-même, sur son lit de mort, lui confia qu’il ne le jugeait pas prêt à prendre les rênes à sa suite. Déterminé à lui prouver qu’il avait tort, il a tenu son rôle mais les vieilles et vilaines habitudes ont souvent tôt fait de revenir.

Né dans une famille de la petite bourgeoisie parisienne, Charles s’est toujours considéré comme un privilégié parmi les privilégiés. Avec un père notaire, et une mère venant d’une bonne famille de marchands d’épices, il a tout naturellement reçu une éducation exemplaire au collège Jésuite de Clermont. Doté d’une intelligence vive, doué pour les enseignements qu’on lui prodigue – tel que le latin et le grec –  le jeune garçon se trouve une soudaine passion pour l’art littéraire en découvrant les œuvres de Ronsard, Montaigne, et Du Bellay. Son père, pourtant, ne prend guère cette passion au sérieux et exige de lui qu’il reprenne la suite de son étude. Il sera notaire. Pas un vulgaire auteur dédié à la misère et à la ruine. Alors le fils écoute, et il s’engage dans cette voie qu’on lui a choisi. Il devient notaire, et s’associe avec son père avec lequel il travaille jusqu’à ce que celui-ci meure des suites d’une longue maladie. Le géniteur disparu, le serment brisé, il reprend la plume pour écrire quelques pamphlets et poèmes – sous un faux nom – qui font bientôt scandale au sein des élites. Il critique le gouvernement, les guerres royales, le projet de Versailles : ce gouffre financier – et si pour l’instant il n’a pas été inquiété, il risque sa vie à proférer de telles accusations à l’encontre d’un souverain tout puissant. Ignorant tout de ses actions, sa mère hante toujours la maison familiale, poussant son seul et unique fils à se marier dans l’espoir d’avoir un jour des petits enfants. Elle ne sait pas qu’une seule et unique jeune femme hante ses pensées, mais que celle-ci lui est inaccessible.