Angélique est née en Anjou, dans le château de Brissac dans la demeure familiale des de Cossé-Brissac. La jeune enfant est la dernière fille d’une fratrie de quatre enfants comptant un frère de 6 ans son aîné, et trois sœurs de 1, 3 et 4 ans ses aînées. La petite dernière eut le privilège non négligeable d’avoir une vie bien plus libre que ses ainés. Oh bien sûr, elle eut une bonne éducation. Angélique, rapidement surnommée Angie par ses sœurs et son frère apprit la musique, le clavecin devint rapidement son instrument de prédilection. La jeune fille apprit aussi la danse et s’essaya en secret à l’art de l’écriture. Un entrainement discret qu’elle ne put assouvir jusqu’au bout puisqu’à l’âge de onze ans, elle fut confiée aux sœurs d’un couvent de Carmélite. Elle y restera jusqu’à ses 15 ans où, étant devenue une jeune fille bien faite, elle fit ses premiers pas dans la bonne société.

Angie fit rapidement sensation mais elle ne pensait pas être mariée à tout juste 16 ans. Elle était encre une enfant, une adolescente tout au plus. Et si l’homme l’attira rapidement, elle ne se fit que peu d’illusion. Au moins avait-elle la chance d’épouser un homme qui n’avait pas le double de son âge. Alors même si son époux n’était que comte, Angélique ne lui en tint pas rigueur. Certes, certains pouvaient voir en ce mariage une mésalliance. Il n’était pas toujours très bien vu que la fille d’un duc épouse un homme dont le titre, à défaut d’être plus élevé que le sien n’était pas au moins égal. Mais Angélique était amoureuse, oui, elle était tombée amoureuse de cet homme que ses parents avaient choisi pour elle. Elle l’aimait et ne voulait entendre les on-dit.

La dernière fille du duc de Cossé-Brisac arriva à l’âge de 16 ans dans la famille des de Lestrange. Et quelle ne fut pas sa surprise. Elle ne pensait pas débarquer dans une telle famille. Elle, la petite fille Angevine ne se sentait pas réellement à sa place au départ. Entre un époux qui ne le témoignait que le strict minimum en termes d’affection et une vie bien éloignée de celle qu’elle avait connu jusque-là, Angélique devait trouver des amis, des alliées pour résister à l’envie mordante de tout quitter. Et elle trouva bien vite du réconfort auprès de l’un de ses beaux-frères, le jeune Hector, le frère cadet de son époux. Un homme charmant, bien qu’il semblait renfermé sur lui-même. C’était comme s’il cherchait à cacher aux yeux du monde un lourd secret. Mais la jeune femme n’osa jamais lui demander la raison de ces cachoteries. Mais Angélique se voulait aimable, douce et elle ne cherchait jamais à contrarier son beau-frère. Petit à petit, Angélique et Hector devinrent de vrais amis. Une relation privilégiée qui rendit extrêmement jaloux l’époux de la demoiselle.

La jalousie peut changer un homme en mal comme en bien. Et pour son époux, cela le rendit, étrangement présent. Tant est si bien que ce fut à partir de ce moment-là que Ulysse changea. A l’âge de 20 ans, Angélique donna naissance à un premier enfant, une petite fille du nom de Margueritte très vite surnommée Margot par ses parents. Suivi un petit Comte prénommé Charles d’un an seulement son cadet et une autre fille Victoire désormais âgé de 12 ans. Angélique fit donner la meilleure des éducations que pouvait avoir les enfants d’un Comte et d’une Comtesse. Son aînée désormais en âge d’être introduite dans la société et dans les festivités de la Cour, la Comtesse de Lestrange a entreprit de l’amener avec elle à chacun de ses déplacements. Surtout lorsque Madame se rend dans les salons. Les gens d’esprits y font fureurs et depuis peu, elle a découvert la poésie d’un jeune homme qu’elle trouve fort talentueux. Des poèmes et des vers qui lui rappellent fort les mots qu’elle avait vus parfois couchés sur le papier par la main de son beau-frère Hector. Mais cela ne peut être lui, un noble ne s’baisse pas à de telles choses. Bien qu’Angélique ait toujours soutenu son beau-frère et qu’elle se soit toujours montrée très à l’écoute, elle ne peut concevoir que le frère d’un Comte se permette d’écrire des poèmes. Ce n’est point là une activité digne d’un noble.