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 Entre charité et amitié [Françoise & Olympe]

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Dim 26 Nov - 22:20

Entre charité et amitié

Françoise et Olympe
S'il y avait bien une chose que Léopoldine avait appris à apprécier depuis qu'elle côtoyait des hommes fortunés c'était la joaillerie. Les plus épris et les plus naïfs d'entre eux ne cessaient de la couvrir de bijoux dans l'espoir de gagner son affection exclusive. Ineptie dont elle s’accommodaient parfaitement. D'autant que là où la plupart des maquereaux de Paris se seraient emparé de ces cadeaux sans scrupules ni cérémonie, Adam était d'une autre nature et la laissait jouir des présents faramineux que ses amants pouvaient lui offrir sans chercher à la flouer. Une façon comme une autre d'acheter durablement la loyauté de ses filles. Des jours comme celui-ci, la prostituée se demandait quelles pouvaient être les raisons qui la poussait à rêver d'une autre vie. Si d'autres étaient malheureuses de leur sort, elle n'avait quant à elle aucune raison de l'être. Elle possédait désormais tout ce qu'elle désirait. Elle l'avait gagné à la sueur de son front, piétinant pour cela sa vertu et sa fierté. Si la première était perdue à jamais, noyée sous la fange, la seconde lui était revenue, muée en orgueil parfois démesuré. Elle devait pourtant le savoir, avoir la folie des grandeurs était un jeu souvent dangereux. Mais comment ne pas se laisser étourdir ? Elle commençait à percevoir un semblant de revanche sur cette existence pavée d'injustices et elle en jouissait pleinement. Combien de temps cela durerait encore ? Elle préférait l'ignorer.

Par ce chaud après-midi de juin, elle se rendait donc chez un joaillier réputé de la ville afin d'y laisser un collier dont elle avait perdu une perle qu'elle souhaitait faire remplacer. Nonchalamment, elle marchait dans les rues de la ville, le nez haut et les lèvres figées en un sourire satisfait, ignorant les regards envieux et les murmures méprisants sur son passage. Elle, la gamine de la Cour des Miracles, évoluait désormais dans des rues qu'elle n'avait jamais osé approcher durant son enfance. A présent, si elle s'y rendait toujours assez peu, elle s'y promenait sans aucune honte. Tous ces bonimenteurs et ces culs bénis pouvaient bien la juger, elle n'avait pas à rougir. Au moins était-elle devenue quelqu'un par sa seule volonté et par son seul labeur, aussi peu respectable soit-elle. Qu'avaient-ils fait, eux, si ce n'était naître du bon côté de la barrière ? Cette chance là lui avait été injustement arrachée avant même sa venue au monde, elle ne faisait que reprendre ce qui devait lui revenir de droit. Alors qu'elle arrivait à sa destination, elle adressa un sourire éloquent au soldat qui venait de lui lancer une œillade équivoque. Dommage, l'homme était charmant, elle pouvait même le qualifier de beau. Mais il n'avait certainement pas les ressources pour prétendre gagner les faveurs de la belle.

Arrivée devant l'établissement qu'elle cherchait, elle entra dans la boutique cossue et s'avança plus altière que jamais. Quelques années en arrière sa présence en pareil lieu aurait eu des accents de farce. A présent, elle était ici comme chez elle malgré les regards déplacés et méprisants que pouvaient lui lancer parfois les clientes fortunées et mieux nées qu'elle. Enfin, mieux nées, cela restait à voir songeait-elle avec une certaine amertume. Ce jour-là, nul regard de haine ne se tourna vers elle car elle se trouvait bien esseulée. Une cliente seulement la précédait et elle ne tarda pas à reconnaître la silhouette et la superbe chevelure blonde de Françoise de Guéret, une jeune et jolie blonde qui s'est mis en tête depuis quelques temps de lui venir en aide. Intention aussi louable qu'inutile qui avait parfois le don d'agacer la courtisane. Mais celle-ci avait appris à apprécier la douceur et la naïveté de la marquise pour laquelle elle ressentait à présent une affection sincère. « Je vous souhaite le bonjour Madame. Quelle agréable surprise, je ne m'attendais pas à vous croiser. » entama Léopoldine avec un sourire aimable. « Par cette chaleur, on dit que les gens de haute naissance quittent rarement l'ombre de leurs palais. » C'était sans doute cela qui la différenciait de ces nobles dont elle partageait le sang à défaut des privilèges. Là où les aristocrates tenaient à conserver un teint de lait en toutes circonstances, laissant les petites gens s'user sous le soleil, la courtisane aimait cultiver un léger teint hâlé qui permettait au bleu de ses yeux de ressortir. « Voilà longtemps que je ne vous avais pas vue. » commenta-t-elle simplement. « Je suis navrée, je crois avoir laissé votre dernière lettre sans réponse. Nous avons tendance à perte la notion de temps dans les rues parisiennes » ajouta-t-elle avec un sourire d'excuses. En vérité, elle avait reçu l'invitation de la marquise un jour où la mélancolie et l'amertume s'étaient emparé d'elle.  Un jour où elle avait vu dans ce courrier la marque d'une charité condescendante qu'elle n'avait pas supportée. Avec la courtisane, il fallait savoir jongler et faire avec ses états d'âme. La marquise en faisait les frais régulièrement bien que Léopoldine lui présente toujours un visage aimable et respectueux. Mais ce jour-là l'amabilité n'était pas feinte, fort heureusement pour Madame de Guéret sa protégée s'était levée du bon pied.
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