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 A chacun sa prison (flashback) | Athanase

Anonymous
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Dim 29 Oct - 19:00

A chacun sa prison

Athanase et Manon
Après des semaines de voyages, Manon avait enfin passé les portes de Paris. Ses longs cheveux blonds tressés détonnaient avec sa mâchoire carrée et sa carrure imposante ce qui attirait quelques regards curieux et indignés. Habituellement, elle aurait rentré le menton mais ce jour là, elle n'y avait pas prêté attention. Il n'y avait qu'une seule pensée occupant son esprit. Son frère lui avait fait part de la menace rodant autour de lui et l'inquiétude lui prenait depuis le coeur. C'était cela qui l'avait jetée sur les routes, qui lui avait fait quitter le couvent où elle était entrée des dizaines d'années plus tôt.

Toutefois, quand elle avait enfin trouvé l'adresse, elle était entrée dans une pièce où la mort s'était déjà installée. Le cadavre empesté. Sous le choc, puis ébranlée par cette perte à laquelle elle n'avait pu se préparer, elle avait pourtant pris soin de son corps, veiller à le préserver, lui jurant qu'avant de lui offrir un sépulture correcte, elle trouverait le responsable de sa mort et elle le vengerait. Pour cela, elle avait décidé de prendre sa place. Aussi elle avait ôté sa vieille robe usée pour passer son uniforme et coupé ses longs cheveux. Quand elle avait observé son reflet, elle s'était remise à pleurer. Elle avait cru le voir face à elle. C'était vrai que les deux jumeau se ressemblaient vraiment. Et elle était donc persuadée que si elle avait manqué y croire elle-même tout ceux ne connaissant pas comme elle son frère tomberaient dans le piège. Cette pensée lui avait mis du baume au coeur alors qu'elle marchait vers le Châtelet où son frère travaillait. Avant d'arriver, elle s'était perdue de nombreuses fois et quand on lui reprocha ses trois jours d'absence, elle compris que cela faisait trois jours que son frère avait été tué. Mais les réprimandes ne durèrent pas, on supposa qu'il avait été malade à voir ses yeux bouffis et on lui donna ses corvées du jour.

Comme chaque matin, Justin devrait porter leur repas aux prisonniers. Manon avait tenté de retenir le chemin emprunté pour ne jamais se perdre. Ce serait plus difficile qu'elle ne l'aurait cru. Épuisée, plus mentalement que physiquement, elle alla de cellule en cellule, donnant des gamelles à des bougres qui l’apostrophèrent de "Ah ! T'es de retour mon gars ! Tes collègues étaient moins généreux sur les portions !" D'autres ajoutaient à cela leur certitude que ses compagnon gardaient les restes pour eux. Manon à cette idée avait fait une grimace, elle n'avait que rarement vu un repas aussi peu ragoutant et espérait bien qu'elle mangerait mieux que les détenus. Finalement, elle arriva à la dernière cellule, devant laquelle elle devrait rester pour monter la garde sur l'aile. Elle tapa légèrement aux barreaux pour s'annoncer, tendit la gamelle à cette homme qui semblait affaibli :

"Tenez mon brave..."

Que Dieu bénisse votre repas.
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Dim 29 Oct - 22:23

A chacun sa prison

Manon & Athanase
Voilà des mois que j'occupais cette cellule du Châtelet, isolé au bout du couloir comme si j'avais commis le pire des crimes. Mais qu'avais-je fait de mal à part me donner une chance d'offrir une vie décente à mon épouse et à moi-même ? Adélaïde... Comment s'en sortait-elle dehors, seule, sans son mari pour la protéger, lui parler, l'aimer ?

Les premières semaines d'enfermement avaient été horribles, le remord et la honte me rongeaient, la rage m'enlaçait lentement comme une vieille amie me rappelant que j'avais été trahi, que l'un de mes clients avait chuchoté mon nom à l'oreille de la Reynie et que celui-ci ne s'était pas fait prier pour saisir sa chance. J'avais voulu bien faire et on m'avait planté un couteau dans le dos. Et je me trouvais là, enfermées entre les barreaux d'acier et les murs de pierre de la forteresse, attendant mon heure, comptant les jours. Si le premier mois fut un véritable supplice, ceux qui suivirent permirent l'instauration d'une certaine routine. J'avais appris à connaître mes voisins de cellules et mes geôliers, prenant parfois la peine de discuter avec certains. Si plusieurs ne supportaient pas qu'on leur adresse la parole, d'autres, au contraire, prenaient parfois la peine d'échanger quelques mots avec moi. Les sujets étaient nombreux et le temps de la discussion variable, mais je savais me faire apprécier de certains de mes gardiens. En d'autres lieux et d'autres circonstances, peut-être aurions-nous pu aller boire une bière ensemble à la taverne du coin. Mais pour l'heure, il fallait se contenter de quelques échanges sans réel intérêt.

Quatre mois s'étaient écoulés depuis mon jugement et je m'occupais l'esprit comme je le pouvais, m'amusant à en apprendre le plus sur les résidents, volontaires ou non, de la prison. Certains gardes avaient même acceptés de m'apporter une plume, de l'encre et quelques feuilles de papier pour tuer le temps. J'écrivais la suite de mes mémoires, seul sujet qu'un être sans réel talent comme moi puisse écrire sans risque de se tromper, lorsque des bruits de pas lourds s'approchèrent de ma cellule.

"Tenez mon brave..."

Je m'arrêtai d'écrire. Qui était-ce ? Une nouvelle recrue ? Je ne reconnaissais pas la voix... Peut-être Justin faisait-il son grand retour, lui qui avait brillé par son absence au cours de ces trois derniers jours. Je me levai avec difficulté, m'aidant de ma canne pour avancer jusqu'au gardien. Non, pas Justin. Il lui ressemblait assez, il fallait bien l'avouer. La ressemblance était même incroyable, mais quelque chose clochait, comme un comédien récitant son texte sans entrer entièrement dans son personnage. C'était bien cela, un mauvais acteur offrant une performance médiocre à son public. Le masque et le costume étaient les bons, mais le jeu sonnait faux. Je saisis la gamelle que me tendais cet usurpateur, le dévisageant longuement avant de demander machinalement :

« Où est passé Justin ? »
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Dim 29 Oct - 22:55

A chacun sa prison

Athanase et Manon
L'homme semblait faible et était tout au moins affaibli. Visiblement boiteux. Manon, qui depuis le début de la journée ne cessait de découvrir les mauvaises conditions de vie des prisonniers s'inquiéta de quelques blessures et scruta donc la jambe, cherchant les traces du passage d'un rat dont la morsure aurait pu s'infecter et causer cette peine mais visiblement, l'homme était blessé de longue date. Elle préféra ne pas s'attarder sur la question plus longtemps. Tenant patiemment la gamelle. Dieu qu'elle aurait aimé pouvoir la lui porter jusqu'à cette petite table à laquelle il était assis à écrire plutôt que de lui infliger ses quelques pas, mais entrer dans les cellules nécessitait une clé qu'elle n'avait pas pour l'heure, ignorant où la trouver.

Quand le prisonnier vint ce saisir de sa gamelle, elle sentit sur lui son regard scrutateur et se tendit. Tout ceux qui l'avaient un jour dévisagé l'avait ensuite traitée de monstre et humiliée. Son frère subissait-il aussi cela ? Sa forte mâchoire se contracta et ses dents se serrèrent. Sa gorge se noua et pour finir ses doigts se crispèrent légèrement sur l'assiette qu'elle relâcha pourtant.

Anxieuse, voilà le terme qui la qualifiait le mieux en cet instant, anxieuse de savoir quelle serait la suite de cette entrevue rapide. Elle se préparait à tout, à tout, sauf qu'on lui parle de son frère.

"Où est passé Justin ?"

La question était anodine et pourtant elle eut sur la femme le même effet qu'un coup de massue. Elle resta un moment figée, fixant cet inconnu qui visiblement avait lu en elle comme en un livre ouvert, sa large main empoignant l'un des barreaux de la cellule pour se rattraper, les jointures de ses doigts blanchies par la tension qu'elle y exerçait, une force contenue, un chagrin réprimé, qui implosa pourtant en elle. Ses épaules carrées se voutèrent et elle s'affessa légèrement, son front venant se poser contre le métal froid de cette cage comme si c'était la sienne et qu'elle attendait son heure. Une première larmes roula, lourde, dévalant sa joue pour s'écraser sur le sol, c'est seulement là que le premier sanglot la secoua, elle se força à fermer la bouche et à bloquer sa respiration pour le faire silencieux mais il secoua son corps que pourtant d'ordinaire rien ne semblait pouvoir ébranler. Elle ne parvint pas à répondre à la question qui lui était posée en une telle situation, préoccupée qu'elle l'était à tenter de retrouver son calme.
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Jeu 2 Nov - 20:09

A chacun sa prison

Manon & Athanase
La réaction qui suivit ma question fut des plus inattendues, si bien que je me demandai par la suite mes paroles avaient eu quelque caractère blessant. Il faisait de la peine à voir, cet usurpateur dont les intentions ne me semblaient pas aussi mauvaises que je l'aurais pensé en premier lieu. Sa nouvelle attitude détonnait énormément du physique qui se trouvait devant moi : cet homme grand, aux épaules carrées et la carrure impresionnante agissait désormais comme une enfant prise au dépourvu. Son corps tressautait et bien que ce fut l'évidence même, il me fallut un certain temps pour comprendre que l'homme sanglotait. Pourquoi ? Qu'était-il advenu de Justin pour que ma question engendre une réaction si extrême ? Je sentis le sang déserter mon visage en imaginant les pires scénarios. D'Adriac avait beau être mon geôlier, je l'estimais beaucoup et nos conversations avaient toujours le don de me remonter le moral, même dans les pires moments. Il se préoccupait de la santé de ceux qu'il gardait et je lui en étais infiniment reconnaissant pour cela. Mais au cours de nos échanges, jamais il n'avait mentionné un frère jumeau,  bien que j'eus un vague souvenir d'une sœur... À moins que ce ne soit pas lui ? Je n'avais pas le courage de mémoriser les familles de chacun de mes gardiens, je préférais largement garder en mémoire des éléments plus importants.

Je restais planté là, ma gamelle en main, à m'interroger sur la meilleure attitude à adopter. Je posai l'assiette un peu plus loin puis m'approchai à nouveau du faux Justin. La curiosité me rongeait, je voulais savoir ce qu'il s'était passé, comment il en était arrivé là, ce qu'il était advenu de son frère. Mais vu l'état de mon interlocuteur, je doutais pouvoir lui soutirer la moindre information. Je lui souris amicalement,  m'abaissant légèrement pour essayer de voir son visage.

« Ça va aller mon gars, calme-toi, respire un bon coup.  »

J'avais prononcé ces mots avec douceur, comme pour transmettre mon calme à mon interlocuteur. Je lui laissai le temps de se reprendre, surveillant le couloir afin de vérifier que personne ne s'approchait ou n'écoutait notre conversation. Je ne connaissais rien de l'homme en face de moi excepté qu'il se faisait passer pour Justin, probablement son frère, et qu'il avait de bonnes raisons d'agir ainsi, raisons que je finirais bien par apprendre à un moment ou à un autre. Mais désormais, il fallait le laisser reprendre son calme, et je doutais fort que mes paroles puissent l'y aider... Que pourrait dire un ancien soldat éclopé, enfermé pour falsification de documents officiels, à un gaillard comme lui ?

« Tu t'appelles comment ?  »
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Ven 3 Nov - 21:47

A chacun sa prison

Athanase et Manon
Repliée sur elle-même, il lui semblait que plus que du chagrin, on transperçait son coeur de mille larmes. Certes elle avait passé la nuit à pleurer mais visiblement son grand corps pouvait contenir bien des litres de larmes où celles-ci s'étaient déjà renouvelées. Elle commençait à croire que c'était une mauvaise idée. Que risquait-elle à se faire ainsi passer pour un homme ? Elle l'ignorait encore. Il n'était peut-être pas trop tard. Elle n'avait après tout rien fais de mal... Elle ferma les yeux avant d'entendre une voix douce, les rouvrit pour regarder l'homme qui derrière les barreaux semblait lui communiquer tout le réconfort imaginable. Un court instant elle cru l'avoir vu moins pâle à son arrivée mais la vue troublée par le flot continu de ce liquide salé, elle ne pouvait l'affirmer. En tout cas, son regard plein avait quelque chose de réconfortant. Elle avait l'impression, chose rare, de se trouver en la présence d'un ami. Il avait visiblement assez connu son frère pour connaître son nom, avaient-ils été amis ? Et si jamais, elle doutait que son frère passe son temps à côtoyer la canaille, comment cet homme qui ne semblait pas bien dangereux s'était-il retrouvé ici ?

Elle soupira, cela faisait bien des questions dans sa petite tête où tout s'emmêlait actuellement. Elle se redressa et essuya ses larmes en entendant des pas, quelqu'un venait. Elle se recula d'un pas alors qu'un garde faisait visiblement sa ronde, la saluant sans réaliser quoi que ce soit d'anormal pour sa part. Elle fixait l'inconnu. Gardant bien sa question à l'esprit. Pouvait-elle véritablement lui faire confiance et lui révéler son identité ?
Cette question était des plus naturelle en pareille situation. D'un côté si elle ne lui disait pas qui elle était il pourrait attirer l'attention sur elle et s'assurer que d'autres découvriraient la vérité, dont la mort de Justin. Mais en même temps, si il savait, il pourrait tout à fait la dénoncer. Une personne normale se serait sans doute posée cette question-ci.
Toutefois, Manon n'était pas une personne normale. Elle dépassé d'au moins une tête les plus grands des hommes qu'elle avait pus croiser dans sa vie. Elle avait la carrure d'un guerrier viking comme on pouvait les dépeindre et les imaginer. Elle avait de grosses mains rodées aux travaux difficiles. Elle ne savait que piètrement danser et les seules choses qu'elle savait faire avec une aiguille c'était rafistoler vulgairement des vêtements déchirés.

En effet Manon n'était pas une femme ordinaire et c'était la raison pour laquelle elle avait souvent été la cible de moqueries et de jugements. Des choses auxquelles elle ne faisaient plus véritablement attention venant des fillettes du couvent mais qui étaient toujours plus difficile à supporter de la part de parfaits inconnus.
Elle ne savait donc pas quoi faire, lui dire la vérité ? Inventer un mensonge ? Elle attendit que son collègue soit au loin, s'approcha à nouveau des barreaux avant de souffler doucement :

"Manon d'Adriac..."

La vérité.
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Dim 5 Nov - 22:06

A chacun sa prison

Manon & Athanase
Comme elles me semblaient longues ces secondes entre chaque réponse du jeune homme. Si les humains étaient des livres, tout serait bien plus facile : on saute les chapitres qui nous ennuiyaient pour passer directement à celui que l'on attendait, même si l'on prenait le risque d'être perdu dans l'intrigue, cela n'avait pas d'importance. La seule chose qui comptait était que l'on connaissait désormais l'information que l'on cherchait.

Quelqu'un approchait. Je me redressai et tentai de prendre une posture normale. Or, tout le monde le sait, on ne paraissait jamais aussi anormal que lorsqu'on souhaitait faire croire le contraire. Le jeune homme me fixait et moi, j'observais le garde par dessus son épaule. Je voulais qu'il parte, qu'il nous laisse encore quelques instants, juste le temps d'arriver au chapitre qui m'intéressait. Personne d'autre que ce faux Justin ne m'en apprendrait plus au sujet du vrai, et je tenais absolument à avoir ces informations. En temps qu'écrivain public, j'avais pris l'habitude que les gens me confient leur vie sans tabou car pour retranscrire au mieux les émotions et intentions des malheureux, je devais connaître chaque détail de leur affaire. Il fallait croire que je m'étais habitué à cette confiance professionnelle que m'accordaient mes clients et qu'il me semblait désormais légitime, même lorsque je n'exerçais pas mon travail, que l'on me révèle tout sans que j'eusse à demander. Or, ici, en prison, les informations se faisaient rares et chaque détail communiqué au prisonnier avait été soigneusement pensé pour qu'il n'engendre aucune réaction disproportionnée. En somme, si le Châtelet était pris d'assaut, les prisonniers en seraient sans doute les derniers avertis.

Le garde fit quelques pas dans notre direction, salua mon interlocuteur et repartit dans l'autre sens, continuant machinalement sa ronde comme si tout lui semblait normal. Je me surpris à soupirer légèrement, reportant mon regard sur l'homme en face de moi, attendant une réaction ou même sa réponse. Une réponse... Comme s'il allait tout bonnement me révéler son identité, simplement me répondre avec toute l'innocence du monde : "Tu veux savoir qui je suis ? Mais je vais te le dire, bien entendu ! Je m'appelle..."

"Manon d'Adriac..."

Un instant de flottement, le temps d'encaisser le coup. Justin avait une sœur ... et elle se tenait devant moi. Je clignai plusieurs fois des yeux, dévisageant mon interlocutrice. Avec ses cheveux courts et sa carrure impressionnante, qui penserait avoir en face de lui une jeune femme ? Et même si le doute s'insinuait chez celui qui la côtoie, qui oserait faire la remarque sans craindre de se prendre un poing dans la figure ? Malgré moi, je laissai échapper entre mes lèvres ce simple mot, prononcé dans un souffle :

« Stupéfiant... »

Désormais que je savais la vérité, cela me sembla presque évident : son visage légèrement plus fin, ses sourcils plus arqués, sa crise de larmes de tout à l'heure... Tout prenait sens. Je sortis de mon mutisme, conscient qu'il fallait dire quelque chose autre que ce "stupéfiant" que je regrettais d'avoir prononcé à voix haute. Un sourire réconfortant pourrait peut-être rattraper mon erreur :

« Ravi de vous rencontrer Manon. J'estime beaucoup votre frère et je suis heureux de pouvoir faire la connaissance de sa sœur. »

Une formule de politesse simple mais dite en toute franchise. J'avais bien pris soin à ne pas employer le passé lorsque j'avais parlé de Justin : même si j'étais convaincu que quelque chose lui était arrivé, la réaction de la jeune femme ne signifiait pas qu'il était mort. Beaucoup de raisons pouvaient justifier l'absence du frère d'Adriac : peut-être avait-il dû quitter la ville et sa sœur l'avait remplacé pour éviter tout soupçon ? L'hypothèse tenait la route, et je tentais désespérément de m'y accrocher.
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Sam 11 Nov - 22:40

A chacun sa prison

Athanase et Manon
La langue de Manon était toujours restée pure, mentir lui était impossible. Son coeur comme son esprit transparaissaient de par sa sincérité qui la faisait souvent passer pour simplette voir sotte. Manon n'avait jamais était une fille comme les autres, déjà à la naissance, elle était plus vigoureuse que son propre frère. En grandissant, elle n'avait fait que gagner en taille et en carrure, se rappant les genoux et jouant à l'épée armée de batons de bois jusqu'aux dents ! On l'avait même surprise à en garder innocemment un sous son oreiller alors qu'au coeur de la nuit les deux jumeaux reprenaient leurs jeux et leurs manigances. De ce temps là, Justin comme Manon étaient capables de l'emporter sur l'autres et à eux deux ils étaient de redoutables adversaires, complices et complémentaires autant que les deux jambes de tout épéistes se prêtant à les provoquer. Cette sincérité enfantine était parfaite, elle ne demandait aucun mensonge, aucun faux semblant.

Les années passant, l'enfant avait perdu de ce panache. Traitée de monstre, privée du droit de se défendre comme elle en avait auparavant l'habitude, proie favorite de sublimes rapaces qui n'avaient fait que rivaliser de perfidie quand son frère lui apprenait à parfaire ses passes d'armes jusqu'à devenir soldat. Aucun n'avait jamais eu besoin de mentir. Aussi, bien que se faisant passer pour lui elle avait répugner à cela. C'était avec hésitation qu'elle avait prononcé son nom, inquiète de la réaction de cet interlocuteur qui pourrait tout autant la moquer à son tour que la dénoncer. Sa première réaction et ce seul mot blessèrent profondément Manon, elle baissa le menton. Oui, elle était stupéfiante, comme un ours de foire, comme un monstre...

Elle se mordit la langue pour ravaler de nouvelles larmes, bien plus à fleur de peau qu'habituellement depuis la veille. Elle allait se détourner quand il parla à nouveau, lui faisant relever les yeux vers lui. Etonnament ni son visage avenant ni sa voix douce ne semblaient menaçant. Ses paroles étaient agréables, gentilles, elles la touchèrent en réalité, rougissant presque, loin d'être habituée à la moindre attention visiblement. Elle hésita un moment avant de le regarder. Elle jeta un oeil autour d'eux pour s'assurer qu'un autre garde ne passe pas par là.

"Monsieur... Je suis toute autant ravie de rencontrer une aussi bonne âme que la vôtre... Bien que ce soit en de si terribles circonstances..."

A nouveau ses yeux se noyaient de larmes. Elle savait ne pas pouvoir se le permettre, elle savait devoir être forte et pourtant... Justin était son frère, sa moitié, elle n'avait jamais été qu'une demi-femme sa stature et à présent, elle était encore moins que cela. Dieu était bien cruel de se jouer ainsi d'elle.
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Dim 12 Nov - 14:47

A chacun sa prison

Manon & Athanase
Ma rencontre avec le sœur d'Adriac représentait l'événement le plus intéressant de ces derniers mois, et je ne regrettais nullement d'avoir fait sa connaissance. Je n'aurais su dire si ma sympathie envers elle était réelle ou s'il s'agissait simplement de curiosité due à une situation aussi improbable. Sa remarque me fit sourire intérieurement, pensant d'abord que la "terrible circonstance" dont il était question faisait référence à ma condition de prisonnier. À l'entendre, on aurait pu croire que c'était elle la détenue et moi le gentil geôlier. Si Dieu en avait décidé autrement, peut-être cela aurait-il pu être le cas, mais le Seigneur en avait décidé autrement et c'était bien moi, malgré mon apparence inoffensive, qui me retrouvait enfermé dans la forteresse de pierre. Cependant, une autre éventualité me traversa l'esprit : et si elle ne parlait pas de prison mais bien de la situation de son frère ? Mes lèvres brûlaient de lui poser la question, mais lui demander maintenant n'aurait fait qu'empirer les choses. Elle avait beau s'être calmée, elle semblait prête à plonger à nouveau dans la douleur à la moindre remarque. La jeune femme sentais prête à se renfermer sur elle-même à tout instant et des questions brusques ne m'aiderait pas à avoir des réponses, bien au contraire.

« Je suis navré de ne pas pouvoir discuter tranquillement autour d'un verre ou même vous proposer une chaise... Je suppose qu'il faudra ce contenter de ce que l'on a. Ma condition me ferait presque oublier les règles de politesse : je me nomme Athanase Duplay. »

Voilà bien longtemps que je ne m'étais pas présenté et cela me fit une drôle de sensation. tous les gardiens du Châtelet connaissaient l'identité de leurs prisonniers sans pour autant retenir leur nom, raison pour laquelle on me désignait sous les termes de "faussaire boiteux", mais rarement en tant que Duplay. Le fait de me présenter directement à la dame me permettra au moins d'éviter qu'elle ne m'appelle à son tour par ce surnom offensant.
Je me détournai de mon interlocutrice quelques instants pour approcher le précaire tabouret qui se trouvait dans ma cellule, le disposant plus prêt de la grille qui me séparait de Manon. Je détestais montrer mes faiblesses aux autres, mais cette maudite jambe commençait à me faire souffrir malgré ma canne et je n'étais pas encore assez fou pour ne pas écouter son douloureux avertissement. Je m'assis sur le tabouret de bois, la douleur m'arrachant un léger rictus. Qui aurait pu croire que je fus un jour soldat ? Même après ma blessure, je faisais toujours l'effort de me tenir droit, une posture digne d'un militaire qui se respecte, essayant d'ignorer la gêne au niveau de ma jambe. Je n'aurais su dire si la faiblesse qui m'habitait alors était due à la prison ou si mes vieilles habitudes soldatesques s'estompaient au fil des ans. Je souris néanmoins à mon gardien en expliquant :

« Veuillez m'excuser mais malgré les années, cette satané jambe continue de me faire souffrir... »

Je n'avais nullement envie de m'attarder sur le sujet, trop de gens m'avaient déjà posé la question, cette question qui revenait sans cesse lorsqu'aucun des deux interlocuteur ne savait comment relancer la conversation. Il m'était déjà venu à l'idée de mentir sur l'origine de ma blessure, mais sa véritable histoire était bien assez glorieuse ainsi. Les personnes à qui je la racontais doutaient parfois de mes propos, s'imaginant avec difficulté qu'un écrivain public ait un jour pu occuper un haut grade dans l'armée et certains allaient jusqu'à me traiter de menteur. Je pouvais concéder que certains de mes dires pouvaient différer de la réalité, mais la remarque est bien plus offensante lorsque l'histoire est authentique.

« Mais assez parlé de moi, dites-moi plutôt comment vous en êtes arrivé là... Si vous le voulez, bien sûr. »

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Dim 3 Déc - 12:10

A chacun sa prison

Athanase et Manon
La vie est parfois une chose bien étrange, elle réunit parfois des gens qui n'auraient jamais dû se croiser. Athanase était prisonnier du châtelet, accusé de quelques crimes qu'il lui fallait expier. Manon sortait du couvent, elle venait de découvrir la mort de son frère et voulait le venger. Et voilà que tout deux se retrouvaient pris dans cette conversation déroutante, faisant connaissance. L'espace d'un instant, cette vie qui avait veillé à les tenir loin l'un de l'autre reliait leur destin, entremêlant leur chemin. C'était une des intersections que peut rencontrer un chemin.

Lorsqu'il se présenta, elle opina pour le saluer, souriant faiblement, ainsi donc, même en prison, il y avait des règles de bienséance ? A moins que cela dépende seulement de la volonté du prisonnier à les conserver ? Elle n'osa pas poser la question.

"C'est un plaisir Monsieur Duplay que de vous rencontrer... Et je suppose que vous avez raison, il nous faudra nous contenter de ce que Dieu nous offre... Ou nous prend..."

Devait il en vouloir à Dieu pour la mort de son frère ? Non. Cette mort n'avait rien d'un accident faisant partie du dessin divin. Son frère avait été assassiné. C'était son devoir de découvrir pour quoi et par qui afin que sa mort ne soit pas veine et qu'il puisse reposer en paix. Elle fut surprise de finalement pourtant le voir se détourner. Etait-elle si insignifiante pour lui maintenant qu'ils s'étaient mutuellement présentés ? Certes, elle était son gardien et lui son prisonnier mais... Elle soupira, il avait sans doute raison. Elle allait faire un pas en arrière quand elle entendit les pieds d'un tabouret de fortune racler le sol dans un léger chuintement. Elle releva les yeux pour le regarder approcher le mobilier des barreaux et y prendre place, elle s'avança alors, prête à l'aider. Le pauvre homme devait bien souffrir pour faire cela... Elle aurait aimé pouvoir l'aider. Mais il prit place sur son siège, se justifiant.

Elle se mordit la langue, une part d'elle souhaitant lui demander l'origine de cette blessure. Toutefois, il ne semblait pas vouloir en parler davantage et elle respecta cela. Elle se demandait donc justement comment poursuivre cette conversation à présent quand il lui demanda pourquoi elle était là. Comment elle en était arrivée là. Elle baissa les yeux, par où commencer ? Le couvent ? La lettre ? Son voyage ? Sa macabre découverte ? Sa décision ? Elle se demanda en cet instant si toute sa vie n'avait pas été vouée à cet instant. Elle opta pour une phrase courte, qu'elle murmura d'un voix rendue enrouée par l'émotion qui reprenait sa gorge.

"Je dois venger mon frère..."


HJ : Pardon du temps de rep, le mois de novembre a été compliqué ! ^^'
J'espère que ma rep te va !
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Mer 13 Déc - 7:56

A chacun sa prison

Manon & Athanase
J'avais souhaité garder les yeux fermés sur le destin de Justin, étais resté sourd aux sous entendus funestes de mon interlocutrice, me persuadant dans une veine tentative qu'il n'était rien arrivé à ce brave homme, qu'il s'en était peut-être sorti et allait trouver un moyen de revenir dans la capitale sous peu. Mais plus la conversation avançait, plus mes espoirs s'effondraient, laissant entre-apercevoir sous les ruines la triste vérité. Mon regard s'éteignit quelques peu lorsque je pris conscience de cela, fixant le sol pour acquiescer le coup. Je n'avais pas de peine réelle, j'étais simplement désolé, non pas pour lui mais pour elle. Après tout, d'Adriac n'avait jamais été que mon gardien et bien que nos conversations me manqueraient à l'avenir, je ne pouvais me vanter de l'avoir réellement connu. Bien que des dizaines de questions fusaient dans mon crâne, je ne pouvais m'empêcher de me faire du soucis pour Manon. La plupart des gens qui la verraient la prendraient pour son frère et à ma connaissance, je faisais parti des rares personnes à connaître son secret et ainsi porter sur mes épaules le poids de ses implications. Quand je la regarderais, je penserais à Justin avec regret, alors je n'osais pas imaginer l'épreuve qu'elle endurerait, elle, au quotidien. Cependant, vouloir venger son frère en prenant son identité était un acte aussi noble que stupide.

« Je comprends votre colère, mais si des personnes s'en sont pris à votre frère, qu'est-ce qui les empêcherait de s'en prendre à vous ? Votre désir de vengeance ne doit pas vous envoyer à la mort, et vous méritez certainement mieux que finir au fond la Seine. »

Je laissai un silence, le temps pour mon interlocutrice de prendre conscience de implications de ses actes. Prendre l'identité de quelqu’un n'était pas chose aisée, et la situation dans laquelle se trouvait Manon rendait la chose encore plus compliquée. Si certains avaient fait du mal à son frère, j'avais peur qu'elle ne subisse le même sort que lui. J'ignorais tout d'elle, ne pouvais juger de ses aptitudes au combat ou de sa détermination, et voulais donc la mettre en garde contre les dangers qu'elle devrait affronter. Ma voix avait perdu son ton mielleux et laissait transparaître mon inquiétude et scepticisme. Je baissai d'un ton pour éviter que ma phrase ne parviennent à des oreilles indiscrètes.

« Réfléchissez bien avant de prendre l'identité de votre frère. Vous devrez toujours être sur vos gardes, oublier votre vie d'avant, mentir à tous ... Vous vous en sentez capable ? »


Nouveau silence, me laissant le temps d'observer sa réaction. Je finis par me lever en soupirant, oubliant momentanément ma jambe pour m'approcher des barreaux : j'avais besoin de capter le regard de Manon, la voir en face et lui poser cette simple question.

« Et maintenant que vous savez dans quoi vous vous embarquez, êtes-vous toujours prête à aller jusqu'au bout ? »

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