Fille de Louis-Charles d'Albert, duc de Luynes, et de sa première épouse Louise Séguier, la grand-mère paternelle de Sophie n'est nulle autre que la célèbre Marie-Aimée de Chevreuse, dont la jeune femme a hérité l'intelligence et le charme. Élevée dans l'amour du savoir et de l'étude, la fillette ne se fatigue jamais de lire et d'étudier davantage, quitte à se cacher dans la salle d'études de ses frères afin d'écouter les leçons du précepteur. Encouragée par son père, traducteur des oeuvres de René Descartes, la jeune fille fréquente très vite grâce à es connexions les cercles scientifiques et cartésiens de Paris, devenant même marraine du groupe Archimède. Mariée pour faire honneur à sa famille à Louis-Victor d'Aumont, obtenant ainsi une place dans la Maison de la Reine Marie-Thérèse, son mari est heureusement peu présent et surtout préoccupé par les guerres du Roi, laissant Sophie libre de faire de qui lui plaît, quitte même à prendre quelques amants, hommes et parfois même femmes.

Sceptique de croyance, Sophie reste tout de même discrète comme être autre chose que fervent catholique est assez mal vu, surtout pour une dame servant la très catholique et espagnole Marie-Thérèse. Si Archimède est plus florissant que jamais grâce à son patronage et l'érudition de ses pairs ainsi que la sienne, il reste tout de même que Sophie est assez fine pour remarquer que La Reynie a l’œil sur eux, rattachant les quelques alchimistes du groupe aux rumeurs de trafic de poison qui courent les rues de Paris. Il y a peu de choses en ce bas monde qui font peur à la petite-fille de Marie-Aimée de Chevreuse, mais attention à ne pas se brûler les ailes...

Derrière elle on murmure, devant elle on s’incline. La marquise de Bouillé, au passé aussi sulfureux qu’incroyable délie les langues de la noblesse, et attire les regards des curieux. Superbe femme à l’allure élégante et au maintien aristocratique, il est difficile d’imaginer que ses parents n’étaient que de simples marchands de tissus. Troisième enfant et seconde fille du couple, Juliette se distingua très tôt par sa beauté et son intelligence froide. Dotée d’un talent inné pour le commerce, elle fit ses premiers pas dans la boutique familiale en tant que vendeuse. Ambitieuse, elle fit en sorte de se faire remarquer par un homme beaucoup plus âgé, issu de la haute bourgeoisie – richissime – qui tomba amoureux de la jeune femme. Il l’épousa.

Ce fut plusieurs années de fastes, où elle côtoya l’élite parisienne, se cultivant au contact de d’artistes, de penseurs et de littéraires qui vinrent parfaire l’esprit déjà acéré de la jeune femme. Aussi, à la mort de ce premier époux, elle n’eut aucun mal à se remarier. Amant après amant, séduction après séduction, elle acquit le rang de marquise en épousant Pierre de Bouillé dont elle eut deux enfants. Faisant très attention à son physique, à entretenir sa blondeur et la blancheur de sa peau, il ne faut pas se fier aux airs charmants de la marquise, qui est prête à tout par ambition.

Antoine est né pour hériter de la fortune familial, pour le titre, les honneurs et la gloire. Du moins, c'est ce que l'on lui a toujours répété, si bien qu'il en est aujourd'hui convaincu. Fils aîné, enfant vif, jeune homme sage et homme rusé, il n'y a que peu de chose qui lui furent refuser...

Toutefois, sa vie ne fut pas calme pour autant et si on lui prête une réputation sulfureuse, ce n'est pas totalement sans raison. Adolescent, il tomba éperdument amoureux d'une fille de famille plus modeste. Qu'importait pour lui sa fortune, elle était celle que son coeur désirait... Mais elle en épousa un autre. Son coeur trouva pourtant la consolation des bras d'une épouse morte trop tôt, puis d'une autre qui ne survécu pas à la naissance de leur fille... Sa troisième épouse mourut dans des circonstances troubles, sa voiture attaquée alors qu'elle était sur la route. Quand à sa cinquième, celle qui raviva en lui la flamme de l'amour qu'il pensait pourtant consumée depuis longtemps, c'est une mauvaise chute de cheval qui l'emporta.

Oh quelle ne fut pas la sottise des parents de Claire de Beaumont quand ils lui donnèrent sa main en mariage il y a maintenant quelques mois de cela. Ne savent-ils pas alors la pauvre enfant condamnée ? Antoine, si il pourra inspirer Charles Perrault et son Barbe-Bleue d'ici peu, est pourtant bien innocent dans la mort de ses précédentes femmes, qu'il les ait ou non aimées. Alors quels cadavres pourraient bien trouver la jeune et curieuse Claire derrière la porte de son bureau clos et défendu ?
Ceux de ses ennemis. Depuis toujours, Antoine a cultivé le climat de peur qui l'entoure, et cela en abusant de son influence, en faisant tuer et disparaitre ceux qui s'opposaient à lui. Et plus les années passent plus ses désirs de vengeance grandissent.

La mort n'épargne personne, pas plus les grands que les petits, aucune noblesse ne peut vous sauver de ses griffes. Justin a appris cela quand il était jeune. Il était, non le second, mais le troisième fils. Celui qui aurait dû rentrer dans les ordres. Mais comme Louis VII dit "Le Pieux", il se retrouva finalement à la tête de sa famille.

Comment en est-il arrivé là ? Fils couvé d'une mère puisque le dernier né, moqué de ses aînés en raison de sa vive intelligence et de son goût pour les livres et les lettres plus que pour la guerre, Justin était un enfant discret, plutôt distant du monde. Son éducation n'en fut pas moins soignée et on donna à cette âme curieuse et assoiffée de connaissance autant que l'on le put. Toutefois, savoir et religion ne furent pas toujours de bons amis et Justin ne fut que peu réceptif aux préceptes de l’Église à laquelle il était pourtant promis.

C'est ainsi que le jeune homme introverti, mit son intelligence au service de ses intérêts. Il avait eu, étant plus jeune, quelques notions d’apothicairerie et se procurer les plantes nécessaires ne fut pas plus difficile que de faire tomber quelques gouttes dans les verres de ses frères. La mort frappa cette nuit là. Et il ne rejoindrait jamais la vie ecclésiastique comme on l'avait souhaité.

Propulsé comte de Marsac en plus de son titre de vicomte de Castelrivaux, il se montra un seigneur juste, intransigeant, mais aussi capable du pire. Rejoignant la cour, il s'avéra un esprit aiguisé autant qu'un fin politicien. Entre le génie insensible et le monstre sans coeur, ce n'est qu'une histoire de point de vue mais il est certain que Justin ne souhaite pas voir des gens comme La Reynie mettre leur nez dans ses histoires de famille.