Bien sûr, Ninon n'en dit mot à ses convives, prenant plaisir à faire croire que cette thématique osée, lui rappelant ses jeunes années au quartier des Marais, venait d'elle. Or, les nobles et les bourgeois s'étaient vêtus de leurs plus beaux atours, tous portaient un masque, certains inspirés de loup vénitien, d'autres cachant entièrement leurs visages pour plus de mystères. L'alcool et des collations sucrés circulaient abondamment, tandis que dans un coin du salon, il y avait une discussion croustillante sur les plaisirs charnels. Au centre de la grande pièce, des rires et des soupirs se faisaient entendre, nombreux s'adonnaient à un jeu de table où une somme importante pouvait être remportée. Bref, vices et plaisirs s'entremêlaient lubriquement parmi ces fêtards masqués.

D'ailleurs, pour l'occasion, la belle Ninon avait  ouvert ses chambres d'invités, afin de laisser quelques couples, dont elle-même et son amant du jour, profiter de la nuit en toute intimité. En soi, c'était une véritable bacchanale de luxure et de divertissement. C'est dans cette ambiance sensuelle qu'Alix fit son entrée vêtue d'une robe rouge saillante, dont l'encolure ornée de dentelles blanches mettait magnifiquement en valeur ses épaules dorées et sa poitrine ronde.

Encadrant son visage masqué d'un loup en dentelle noire, ses cheveux tombaient en boucles blondes et  soyeuses sur ses épaules et l'arrière était retenue d'un chignon décoré de perles. En soi, elle était comme toujours élégante et très belle, tentation convoitée par beaucoup d'hommes dans ce salon, mais malheureusement pour eux, Alix ne leur accorda guère d'attention...à l'exception d'un. Bien évidemment, celui-ci se trouvait à la table de jeu, ce qui fit sourire furtivement  Alix. La patience de Philippe, qui avait sûrement dû venir chez Ninon à plusieurs reprises dans le but de la croiser, avait été  récompensé à juste titre...enfin presque. L'espionne se doutait bien qu'il attendait plus que de jouer aux cartes.

-Oh Alix...quelle idée merveilleuse, avez-vous eu! Murmura à son oreille Ninon d'un ton reconnaissant et joyeux. La jeune femme détourna son attention vers l'hôtesse de la soirée et d'un beau sourire, elle répondit sur un ton de confidence:

-Comme c'est gentil... Souffla Ninon d'un sourire ravit,  puis elle recula d'un pas pour mieux admirer son amie. Son sourire s'élargit et elle complimenta d'un murmure: 

- Si je suis une muse, vous êtes une nymphe, Alix.  Or donc, parmi ces Apollons, je vous encourage à prendre amant, cela vous fera le plus grand bien. J'ai justement des chambres libres à l'étage...ne vous en privez point.

Disant cela, Ninon lui fit un clin d'oeil affectueux puis elle s'éloigna pour rejoindre le groupe qui discutait à présent d'aphrodisiaque. Alix eut un petit rictus, tout en pensant que le seul Apollon qui était digne de son intérêt était bien le Marquis du Plessis. De tous les hommes présents, il était le plus beau et le plus viril, c'était indéniable. D'ailleurs, deux jeunes femmes se tenaient à ses côtés, des brunettes assez jolies, mais bien sûr, Alix les surpassait en beauté et en intelligence. L'une d'elle lui jeta un coup d'oeil jaloux et se colla un peu plus sur le bras du Marquis. L'espionne n'en fit pas grand cas, même elle trouva cela très amusant. Prenant une coupe de vin, elle la porta à ses lèvres pulpeuses, tout en soutenant le regard limpide de Philippe. Après avoir siroté une gorgée de la liqueur délectable, elle demanda espiègle:

Derrière son masque, le regard émeraude brilla de malice et de sensualité, le sourire de la belle blonde s'élargit, irrésistible.

 - Jusque là, je craint que non... sauf votre respect messieurs. En se tournant brièvement vers ses adversaire du soir qui ne pouvaient guère le contredire. Mademoiselle souhaiterait-elle s'essayer ? Et qui sait... détrôner le champion ? 

Les deux brunettes, dont les joues étaient roses et le regard moqueur, gloussèrent comme des petites dindes excitées. Indifférente à ces jouvencelles qui n'avaient rien d'exceptionnelle, le sourire d'Alix s'élargit et elle répondit suavement au champion de la soirée:

Un noble lui laissa courtoisement la place et celle-ci se trouvait en face de Philippe, donc suffisamment éloigné de lui, advenant le cas qu'il veuille la caresser pour mieux la déconcentrer. Alix n'était pas dupe, elle savait qu'il allait tout faire pour l'emporter, autant à ce jeu qu'à celui qu'ils se livraient l'un et l'autre depuis leur première rencontre à Versailles.  Portant son verre de vin à ses lèvres, Alix prit les cartes du croupier désigné pour la soirée et le remercia d'un beau sourire, tandis que l'une des brunettes prétendit que son Marquis était indétrônable.  C'est alors que l'un des joueurs prétendit:

-Demoiselle, ne soyez pas si sûr de la victoire du Marquis. Mademoiselle de Saint-Aignan est l'une des meilleures joueuses de ma connaissance.

Avec respect, les courtisans de la table approuvèrent de la tête, tandis que la brunette se rembrunit et chercha à sa faire câliner par Philippe. Toujours silencieuse, Alix laissa les joueurs vanter son mérite, tout en se concentrant sur son jeu de carte. L'astuce était de bien mentir, chose qu'Alix était passé maître, mais ce soir, cela n'allait pas être nécessaire. Sa main était tout simplement imbattable...le hasard était bien fait, mais juste pour s'amuser, elle fit une mine perplexe.  Levant son regard émeraude vers du Plessis, elle demanda taquine:

Cette question fit rire plusieurs gentilshommes qui comprenaient tout à fait l'allusion. Une lueur railleuse fit briller le regard émeraude, puis elle reporta son attention sur ses cartes tandis que l'un des joueurs demanda:

-Et vous, belle dame, qu'exigeriez-vous du Marquis si vous gagnez?

Il y eu un silence, une certaine tension se fit parmi les convives qui suivaient avec attention cet échange des plus fascinants. Alix ne répondit pas tout de suite, elle se contenta de boire une gorgée de vin et après un instant, elle releva ses yeux verts pour plonger dans ceux de Philippe. 

Bien entendu, la plupart des hommes s'échangèrent des coups d’œil grivois, croyant que la jeune femme parlait de se faire entretenir par le Marquis, mais ils avaient tout faux. Elle avait une toute autre idée derrière la  tête. À vrai dire c'était la seule et unique raison qui l'avait poussé à séduire Philippe.  Enfin, le croupier invita les joueurs à découvrir leurs cartes, chacun les révéla et la dernière fut Alix. Il y eu un silence, puis le croupier s'exclama: 

-Eh la victoire est à Mademoiselle de Saint-Aignan!

Les brunettes poussèrent un petit soupir de désarroi, mais cela n'était  rien à comparer à la déception que Philippe devait ressentir face à cette défaite cuisante. Le croupier demanda alors si elle voulait rejouée, mais Alix répondit en soutenant le regard bleu de son futur amant:

Comprenant, le croupier approuva de la tête et il déposa cette petite fortune dans un sac en velours qu'il remit à Alix. Admiratif, les autres joueurs la félicitèrent puis ils lui proposèrent de jouer au Lansquenet, chose que la belle refusa. D'un beau sourire, elle laissa la place à quelqu'un d'autre puis elle fit un signe discret à Philippe. En espérant qu'il ne lui en voulait pas trop, la jeune femme s'éclipsa parmi les invités pour monter à l'étage, tout en assurant que le Marquis la suivait, sans être accompagné par ces petites dindes en rut. 

À la satisfaction d'enfin retrouver l'objet de sa convoitise, venait s'ajouter le plaisir de retrouver se sentiment de compétition qui prenait pour l'heure une forme des plus conventionnelle. Alix accepta sans se faire prier ni désirer la proposition du noble. Du Plessis était si sûre de lui et offrait de sa superbe, encadré par deux petites demoiselles aux esprits juvéniles qui semblaient n'avoir d'yeux que pour leur champion ce beau brun à qui certes ont prêtait une sufureuse réputation mais qui avait un corps d'Apollon à en oublier toute prudence.

La réplique sous forme de question ayant pour objectif de piquer du Plessis semblait plair à l'auditoire et à part peut être les deux greluches qui servait de devanture au Marquis, tout le monde autour de cette table en comprit l'allusion. En retour, Philippe se fendit d'un léger sourire à la commissure de ses lèvres tandis qu'il plongeait un court instant son regard azur dans les émeraudes qui le défiait. Il était en effet homme avar et quoi de mieux que de laisser à l'assemblée le luxe de laisser libre coursà leur imagination, après tout cela entretenait le mythe?

En spectateur et acteur averti, du Plessis écouta attentivement la question d'un de ses comparse de tablée. Alix allait elle répondre ? Cela pouvait être gênant pour certaines dames ou demoiselles, mais pas pour mademoiselle de Saint-Aignan qui offrit finalement réponse au bout de quelques secondes qui parurent pour tous durer une éternité. Jaugeant alors du coin de l'oeil les échanges entre ses messieurs pour toute forme de réaction, il allait s'en dire que l'interprétation était clairs pour ses derniers et allait évidement entretenir une rumeur a partir de ce jour si la demoiselle remportait la partie : du Plessis entretenant Saint-Aignan.

Bouche scellée, le Marquis qui avait bien entendu observé plus tôt la distribution des cartes par le croupier, dévoilant alors son jeu lorsque les bavardages avaient cessés. Puis... le silence retrouva sa place autour de la table où la main la plus forte était à mettre sur le compte d'Alix, achevant la totale suprématie du beau brun depuis le début de la soirée. Comme elle allait s'en apercevoir, Philippe n'était pas ce que l'on pouvait appeler un bon perdant, et se permit-il de souffler à ses deux poules d'affichages qui venaient de soupirer.

- La chance du débutant...

Fixant la demoiselle qui lui soutenait ce regard si attrayant, l'espionne décida de mettre un terme à sa participation et le sous entendu était clair pour son compagnon de jeu qui par la même occasion, gratifia le croupier d'un geste de la main pour ainsi indiqué qu'il terminait lui aussi. Entre excitation de traquer la belle blonde entendu la frustration de voir ses gains divisés par deux, Philippe observa Alix lui servir un discret signe d'invitation à la suivre. Prendre la direction de l'escalier, Alix avait le poids du regard carnacier du Marquis sur elle.

- Gardez mes petites jetons au chaud mes jolies, mes excuses mais quelques impératifs m'attendent. Rassurez-vous, je ne vous oublierez pas.

Menti-il avant de prendre congé et suivre le sillage de la demoiselle de Saint-Aignan. Un jeu de piste était lancé. C'était assez amusant en soit surtout ainsi déguisé en loup. Tout en haut de l'escalier, le sulfureux noble s'amusant alors d'un ton léger à grogner tel un loup en chasse, pressant le pas pour constater de la réaction de sa comparse.

- Grrrrr... hâtez-vous ou le vilain méchant loup vous dévorera ! Grrrrr...

Comme bonne observatrice qu'elle était, Alix  avait remarqué l'ombre de frustration sur le visage du marquis et le dire moqueur murmuré à l'oreille de ses poulettes;  ce qui fit sourire l'espionne. Montant l'escalier, la jeune femme se dit qu'elle avait à faire à un mauvais perdant qui allait sûrement prendre très mal si elle se refusait à lui ce soir. Surtout qu'elle venait de mettre le grappin sur la moitié de ses jetons. 

À vrai dire, elle n'avait pas prévu le contrarié, mais Alix était aussi une joueuse dans l'âme et elle aimait gagné, par conséquent, la jeune femme n'avait pas pu refusé une partie contre lui. La compétition était présente à plus d'une facette entre ces deux alter ego de la séduction, ce qui allait rendre cette soirée très divertissante. C'est alors qu'elle entendit quelqu'un monter rapidement les escaliers, ainsi que des grognements étranges, ce qui la fit se retourner de surprise.

C'était nul autre que du Plessis qui se prenait pour un loup affamé et qui la prit en chasse comme si elle était une biche sans défense. Devant cette vision un brin grotesque, la jeune femme éclata de rire et puis relevant le bas de sa robe, elle partie à courir jusqu'à la chambre la plus éloignée pour y entrer.

 Heureusement, la pièce était libre, Alix s'y réfugia et elle ferma rapidement la porte, sans la verrouiller cette fois. Un peu essoufflée, elle vint s'accoter contre une cheminée, un divan baroque était placé au centre de la pièce;  barrière temporaire la protégeant de son adversaire, qui entra à son tour. Croisant les bras derrière son dos, Alix soutint les yeux aussi bleu qu'une mer de tempête, l'ourlet des lèvres féminines se retroussèrent d'un petit sourire mutin. Penchant légèrement la tête sur le côté, le regard brillant derrière son masque, l'espionne dit suave:

Le sourire de la belle s'élargit, joueuse. Oui, elle l'avait fait volontairement languir de sa présence et même si proche de lui accorder la victoire, Alix avait encore une dernière carte en main...ou plutôt deux choix très tentant. 

Toujours les mains derrière son dos,  elle expliqua aguicheuse: 

Bien évidemment, elle devinait que Philippe aurait voulu avoir les deux, mais l'occasion était trop belle pour qu'il obtienne la jeune femme aussi rapidement. Alix adorait paraître inaccessible aux yeux de séducteurs tel que Philippe, même si au fond, elle le désirait. L'espionne ne pouvait se le cacher, l'homme lui  faisait beaucoup d'effet. Se perdant dans le fleuve de ses yeux, la belle sentit les battements de son cœur s'accélérer. Secrètement, elle espérait qu'il choisisse la perle...

Prenant en chasse la brebis, la biche qu'incarnait la demoiselle de Saint-Aignan, Philippe semblait s'amuser à endosser le costume, le rôle de loup prédateur. Loin, bien loin de croire que toute cette mis en scène était voulu depuis ce vernissage où leur rencontre n'avait été le fruit du hasard, le mondain pénétra le salon à la suite de la joueuse Alix. Une demoiselle qui de plus, avait eut le toupet de lui prendre la moitié de ses gains, mais si c'était de manière bien légal. Enfin je vous dis cela car, la belle blonde n'en avait pas fini de jouer avec son complice, le sulfureux du Plessis.

Faussement acculée contre une cheminée, la demoiselle ne pouvait fuir face à son poursuivant qui la jaugea, fier, le menton relevé, affichant ses canines pour donner toujours plus de réalisme à sa petite improvisation théâtrale. Le divan baroque ne serait que formalité pour lui si elle pensait se sentir suffisement en sécurité. Approchant alors lentement, il s'arrêta lorsque le son si envoûtant de la voix d'Alix parvint à ses oreilles, cette dernière lui proposant un jeu.

Le vilain méchant loup avisa la louve qui, et ce n'était pas une surprise, promettait bien des difficultés à son adversaire. Sourire à la commissûre de ses lèvres, Philippe la dévorait du regard, s'approchant d'elle à " pas de loup", mimant d'un doigt posé sur ses lèvres, une forme de réflexion.

- Hmmmmm... je dirais votre main droite... ma louve...

Il n'avait effectivement pas l'intention de perdre à nouveau, de ne pas obtenir son dûet se faisant, il profita du mouvement de main de l'espionne pour se ruer sur elle, sautant au dessus du divan pour de retrouver tout contre elle alors qu'elle tenait les jetons.

- Dommage pour... vous. Vous auriez pu ne pas perdre vos gains et gagner ma présence entre vos cuisses. Hélas... je vais vous faite mienne et retrouver mes jetons.

Déclara-t-il avec une arrogance saupoudré de sensualité alors que ses mains remontaient les jupons de la jolies demoiselle.

- Oh que sent-je ? De délicats bas... hmmm vous connaissez si bien mes goûts, je vous félicite. Cette garniture me met... l'eau à la bouche...

S'amusa-t-il à déclarer de façon provocatrice. Il prouvait ô combien il était mauvais perdant et pour couronner le tout, il se montrait taquin en offrant son plus irresistible minois.  Mais Alix avait encore l'occasion de tenter de lui échapper ?  Seulement le desirerait-elle?

Alors, là! Elle aurait dû s'en douter. Tel un véritable loup bondissant sur sa proie, Alix n'eut pas le temps de s'enfuir qu'il se ruait sur elle, son corps fort et svelte contre le sien. Elle en eut le souffle coupé. Le regard dévorant la fit frémir et pendant un court un instant, la tentation de s'offrir se fit ardente, mais malheureusement, les propos du Marquis l'envahit d'indignation et de frustration. 

-Mais c'est de le triche! Vous ne pouvez avoir les deux! Répliqua-t-elle courroucée, mais visiblement, l'homme l'avait  prise pour acquis, car déjà, il releva sa jupe, dévoilant ses jambes fines, recouvertes de bas en soie. En cet instant, Alix ressentit une intense envie de gifler cet arrogant, mais heureusement,  le minois si irrésistible de Philippe retint son geste.

Intérieurement, elle maudit ce bellâtre d'avoir autant d'entreprise sur sa personne, mais il lui restait encore suffisamment de sang-froid, propre à une femme d'expérience, pour réfléchir à une contre-attaque. L'espionne devait trouver une stratégie pour conserver ses jetons, car elle les considérait encore sien vu la mauvaise foi de Philippe. Malgré le désir qui la taraudait, Alix se refusait de céder...enfin pas tout de suite, il ne le méritait pas! Mais comment faire? Essayant d'oublier toutes les merveilleuses sensations que les grandes mains du noble lui faisaient vivre, Alix déposa son front contre l'épaule masculine, tout en réfléchissant à toute vitesse à un échappatoire avant qu'elle ne succombe. Soudain, elle eut une idée des plus osées et audacieuses...Voilà comment la séduction pouvait être une arme des plus redoutables et encore une fois, elle était certaine de gagner, en tout en pour tout.

Volontairement, la jeune femme décida de céder un peu de terrain à l'assaillant afin de mieux l'endormir pour avoir raison de lui. C'était l'une de meilleure attaque militaire qui soit, cela, et utiliser la  force de l'ennemi contre lui-même. En cet instant, Alix opta pour ces deux stratégies et elle n'en découdrait pas jusqu'à tant qu'elle obtienne ce soir, la victoire. D'un profond soupir, la belle blonde ferma les yeux et elle vint lover son bassin contre celui de l'homme qui la caressa, sans pour autant qu'elle lui laisse écarter ses cuisses. L'un de ses bras graciles entoura le cou, tandis que son autre main serra le sac de jetons. Action subtile  qu'elle fit oubliée à Philippe en venant  embrasser le long de son jugulaire puis elle s'empara de ses lèvres charnues.  Entre deux baisés langoureux, la jeune femme souffla les yeux mi-clos:

Disant cela, la jeune femme recula un peu en secouant sa chevelure blonde légèrement défaite. Son regard vert brillait d'un plaisir sincère, son corset laissait à présent dévoiler sa poitrine parfaite. Elle était en cet instant des plus désirables, chose dont elle était tout à fait consciente. Se souvenant que le Marquis avait apprécié une caresse sur son torse, elle répéta lentement cette même caresse et le regard plongeant dans le fleuve miroitant, la belle murmura extrêmement sensuelle:

Les lèvres de vermeille s'élargirent d'un sourire des plus lubriques qui promettait un plaisir certain. Sans lui expliquez  quelle était cette spécialité, la jeune femme vint l'embrasser passionnément, tout en le faisant reculer jusqu'au divan. Profitant d'un instant de déséquilibre, la jeune femme poussa le noble d'un petit rire charmant pour qu'il s'assoit sur les coussins confortables et elle embarqua en califourchon sur lui.

-Non! Ne bougez pas...Souffla-t-elle mi-directive mi-concupiscente. Leste, elle vint l'embrasser, puis ses baisers se dirigèrent à son oreille pour murmurer ensorcelante:  laissez faire votre femelle...

Il voulait jouer le mâle alpha? Soit, elle allait jouer son  jeu jusqu'au bout. Sur ce murmure, la jeune femme titilla son lobe d'oreille pour le taquiner, puis elle vint déboutonner son habit pour mieux caresser son torse viril. L'embrassant à nouveau d'un duel de langue, la main douce descendit lentement jusqu' à l'intimité toujours cacher le tissus, mais oh combien tendue! Naturellement, les doigts s'y glissèrent pour appliquer un délicieux préliminaire et d'un regard espiègle, l'espionne délaissa les lèvres de Philippe pour remplacer sa main qui vint caresser d'une douce succion la source du plaisir.

Experte, elle fit durée cette si intime caresse, variant rythmes et nuances, tout pour rendre fou Philippe...et encore plus obsédé par les promesses de luxure qu'elle lui offrait. Une de ses mains vint accentuer les sensations, tandis que les doigts de son autre main se perdirent dans le poile sombre du torse. Sous sa paume, elle sentit les palpitations du cœur battre rapidement, le souffle devenait précipité...Or, avant qu'il veuille plus et qu'il la fasse sienne, l'espion accéléra frénétiquement le rythme jusqu'à tant qu'il atteigne une ultime jouissance.  D'un profond soupir, Alix délaissa sa prise pour relever son regard émeraude vers l'homme repu. Elle eut alors un sourire éblouissant, qui camouflait une future victoire.

-Vous ai-je satisfait, monseigneur? Ce n'est que le début...Chuchota-t-elle en caressant une des cuisses fortes, tandis que très discrètement, elle vint glisser le sac de jetons dans une poche de sa jupe. Alix se releva alors et se penchant, elle vola un doux baisé à Philippe avant de s'éloigner de son étreinte. Le laissant reprendre ses esprits, la belle en profita pour rattacher son corset et se tournant vers lui, elle informa énigmatique:

Eh oui...Un autre rendez-vous. D'un sourire attendu, elle lui fit un clin d’œil et  l'espionne quitta la pièce, prestement. Allait-il à nouveau la poursuivre? Si c'était le cas, Alix devait à tout prix rejoindre les invités de Ninon avant qu'il ne la rattrape...elle avait gagné une bataille, mais pas la guerre.

Alix avait entièrement raison, c'était de la triche, seulement Philippe se fichait pas mal d'avoir enfreint les règles. Ainsi, au lieu d'accepter le retour des jetons à son propriétaire, le mondain raflait de droit, celon son point de vue évidement, le beurre, l'argent du beurre ET la crémière si l'on pouvait s'offrir cette comparaison. Mais voilà, Philippe possédait ses propres règles et toutes protestations étaient veines, d'ailleurs, cela l'amusait et renforçait ses ardeurs à faire sienne la demoiselle de Saint-Aignan. Comment se soustraire à sa proximité et ses attouchements ? Le repousser semblait peine perdue et Philippe le savait, ses caresses allaient, devaient même faire mouche. Plus que tout au monde, le sulfureux personnage aimait s'adonner à déflorer, mais plus que ça, il avait ce péché mignon de d'effeuiller ses partenaires. La sensation tactile de ses doigts flattanr les bas de soie qui enveloppait les jambes d'Alix jusqu'à mi cuisses, était un petit paradis en soit et il ne se privait pas d'en savourer sa lente progression.

Sentant finalement la belle blonde céder à ses avances, Philippe la laissa manoeuvrer pour qu'elle trouve ses aises à son étreinte des plus sensuelle et salace, ignorant tout des plans de la demoiselle. Plein d'assurance, il semblait pourtant confronter bien rapidement à une problématique qui ne lui permettait pas de mener à bien ses assauts. Les cuisses d'Alix restaient closes et ce malgré une main qui se montrait pressante et intrusive. Avec habileté, l'espionne manoeuvra de sorte de faire oublier cet éphémère échec, se lovant contre lui et lui offrant quelques fougueux baisé, reclamant patience à son bel étalon.

Il fallait qu'elle agisse vite pour ne pas voir sa contre offensive faire choux blanc et que le bellâtre reprendre l'ascendant. Frémissant à ses caresses à hauteur de buste, Alix lui proposa une "spécialité", et comme tout homme sulfureux ou curieux qui se respect, du Plessis ne pouvait que lui accorder ce qu'il pensait être sa dernière faveur avant que le jugement ne soit suivi des actes et ici c'était bien du troussage de la mondaine qu'il s'agissait.

- Votre juge et bourreau accepte cette ultime faveur.

Lâcha-t-il face à ce sourire lubrique dont il ne pouvait rester insensible. Ni d'une ni deux, il se retrouva rapidement à tâter du moelleux du divan après s'être fait gratifier d'un baisé passionné, subterfuge efficace pour contraindre l'infidèle Marquis à reculer et s'effondrée sur l'assise. Alix était une femme, une louve redoutable et son joli minois qui se fendait de ci de là de sourire et de rire charmants et séducteurs, renforçait cet état de fait. Seulement, il fallait bien plus que cela pour contenir un Marquis pressé de communier son bas ventre avec celui de sa conquête.

Ainsi, alors qu'il retroussait les pans de la robe d'Alix, découvrant toute la longueur de ses jambes alors qu'elle se tenait à califourchon sur lui, la belle blonde lui intima la patience, usant de l'aphrodisiaque de ses lèvres pour tempérer les ardeurs de son étalon. Acquiescant d'un bref hochement de tête, le mondain laissa la "femelle" jouer sa partition, dans l'espoir que cet appétissant prélude lui donne l'occasion de prouver ses valeurs de male alpha.

Seulement ce qui s'en suivi mit en branle ses plans. Si au départ rien ne paraissait l'inquiéter outre mesure, savourant cette lassive et sensuelle descente en rappelle d'une main experte qui dévalait son buste pour venir finalement se saisir de son trophée de chair, ce qui suivit le prit de cours. Avachi sur le divan sans moyen aucun de s'y extraire, Philippe se tendit de tout ses muscles lorsque sa proie quitta le charnu de ses ses lèvres pour rejoindre un mont érigé plus appétissant encore.

- Mademoiselle de Saint-Aignan ! Que faites-v...ummpphhh...

Ses protestations moururent à l'instant même où ses sensations de plaisirs charnels décuplèrent, la faute à cette demoiselle qui s'afférait en rythme à un flot ininterrompu de caresses tactiles et buccales. Se rendant compte qi'il était pris au piège, prit à son propre jeu, Philippe ne pu offrir la moindre défense face à l'offensive de sa partenaire, râlant, se crispant face à l'oeuvre experte qui malemenait avec délice son bas ventre jusqu'a atteindre le nirvana. Basculant alors sa tête en arrière, ses muscles se bandérent et ses yeux se revulsèrent, les signes caractéristiques de sa défaite.

Attentionnée malgré son coup de trafalgard, la sournoise succube laissait miroiter qu'il ne s'agissait que d'un prémisse à d'autres promesses de luxure. La toisant alors d'un regard de vaincu qui avait toute les peines du monde à retrouver ses moyens, il acquiesça mollement d'un hochement de tête avant de prendre acte du prochain chapitre de leur histoire de luxure. Rendez-vous était prit aux jardins royaux, un lieu plutôt atypique mais qui offrait et laissait libre cours à bien des fantasmes.

Sourire entendu, clin d'oeil suggestif, Alix laissa son adversaire en l'état pour prendre congé, non sans que ce dernier, dans un dernier sursaut de force qui lui restait, ne lui déclare.

- Je vous le jure... j'aurais... ma revanche.

L'efficacité de l'espionne avait eut raison de tout tentative du noble de la reprendre en chasse. Le mondain ne la rattrapa pas, une bataille avait été remportée avec brio dans la demeure de Ninon et Philippe devait lui accorder son succès. Il ne réapparut donc qu'une bonne demi douzaine de minutes plus tard dans le salon où etait parqué une bonne partie des invités, le temps de reprendre de sa prestance.

Sa revanche...Cela fit sourire l'espionne. Se dirigeant vers Ninon, Alix se demanda qu'est-ce que le Marquis lui réservait comme riposte. Sûrement rien de bien méchant, mais elle devait tout de même rester sur ses gardes avec lui et surtout, à leur prochaine rencontre, mettre sur pied ce qu'elle prévoyait le concernant. 

-Alors, Mademoiselle de Saint-Aignan, le Marquis vous a-t-il entretenu comme il se doit? Demanda un grossier personnage  qui était nul autre qu'un Baron dont Alix avait oublié le nom, preuve qu'il était plus qu'insignifiant. Cela fit rire ses comparses, ce qui n'était pas le cas de l'espionne, qui se maudit intérieurement d'avoir parler d'alliance en public. Or, la jeune femme réussit à rattraper sa gaffe en répliquant mi moqueuse mi méprisante: 

Connaissant la réputation d'endettement du Marquis, les courtisans pouffèrent de rire et ils accordèrent raison à Alix qui fit taire toute rumeur concernant une relation adultère entre elle et Philippe. Heureusement, celui-ci ne l'avait pas suivit, il était encore dans la chambre, sûrement entrain de se remettre de sa défaite. À cette pensée, Alix eut un petit rictus puis elle se dirigea vers l'hôtesse de cette superbe soirée. 

-Oh déjà? N'avez-vous pas trouvé d'Apollon qui vous convienne? 

-Malheureusement, non. Juste des sots. Souffla Alix railleuse,ce qui fit rire son amie. Celle-ci lui tapota la main et feignant le reproche, elle répliqua d'un chuchotement:

-Vous  êtes dure envers ces messieurs et ce n'est pas bon pour la santé d'être trop chaste. À vrai dire, c'est un sacrilège d'être aussi belle et de s'offrir à aucun homme. 

-Oh Ninon...qui vous dit que je suis chaste? Rétorqua l'espion d'un beau sourire mystérieux.

Ninon haussa les sourcils de surprise puis elle la dévisagea avec curiosité, désirant en savoir plus. Pour toute réponse, Alix lui fit un clin d’œil taquin et lui souhaita une belle soirée. Juste avant de sortir, la belle tourna son regard émeraude vers le haut des escaliers où elle aperçut le Marquis. Le sourire aux lèvres, la jeune femme ne put s'empêcher de le dévorer du regard.

 Il était si beau dans son habit légèrement fripé et derrière son masque de loup, elle devina un bel air lascif et détendu. L'espionne avait réussi à le déjouer finement et elle ressentit en cet instant une sensation grisante. Elle avait bien hâte de vivre la prochaine joute du noble, mais pour l'heure, elle se contenta de partir et de le laisser retrouver sa prestance de séducteur aguerris.