Dernière fille d’une famille de la haute bourgeoisie parisienne, Mathilde a toujours été une enfant rebelle, capricieuse, irrespectueuse de toutes formes d’autorités. Ses précepteurs la haïssaient, et elle le leur rendait bien. Quant à sa nourrice, elle ne parvint jamais à faire d’elle ce qu’elle nommait « une jeune fille convenable ». Malgré cela, personne ne s’attendait à ce que Mathilde, à l’aube de ses seize ans, s’enfuit pour se marier avec un modeste acteur de théâtre. Cet événement eut un retentissement dans la sphère bourgeoise, et depuis les Duchâtelet tente tant bien que mal de dissimuler le déshonneur apporté par cette fille indisciplinée. La jeune adolescente, follement amoureuse de ce charmant acteur auquel elle donna sa vertu et sa main, découvrit avec lui le monde du théâtre. Elle se révéla assez bonne actrice, et au contact de son époux elle devint même une artiste reconnue dans les milieux artistiques parisiens. Devenue veuve à ses 22 ans, elle n’a pas quitté la troupe qui continu aujourd’hui de la faire connaître au sein de la noblesse parisienne. Célèbre pour sa beauté, autant que pour son talent d'actrice dramaturgique, Mathilde sait jouer de sa féminité pour obtenir des cadeaux de riches spectateurs, offrant ses faveurs à ceux qui lui plaisent et qui peuvent lui apporter de la renommée.

Fille d'un petit bourgeois, sabotier de profession, elle reçoit une maigre éducation mais apprend le chant auprès de sa mère dès son plus jeune âge. Elle aimait déjà alors se donner en spectacle à chanter ou à jouer la comédie devant qui voudrait bien lui prêter un peu d'attention. On lui enseigna alors l'humilité et c'est cette discrétion féminine qui séduisit Baptiste Corriveau, bourreau de profession. Mariée à l'âge de dix-huit ans à l'homme de dix ans son aîné, elle s'enlisa rapidement dans un quotidien morne et sans saveur qui la poussa à déserter ses devoir conjugaux pour se rendre au théâtre. C'est là qu'elle rencontra un acteur noir du nom d'Archibald Lenoir, récemment fait homme libre devant la justice, qui su la charmer par de belles paroles et ses récits d'aventures - pas toujours vrais. L'homme devint bientôt son amant, mais le bonheur arrive rarement seul. Quand elle mit au monde une petite fille à la peau brune, son secret fut rapidement éventé bien que Baptiste reconnu l'enfant comme sienne pour sauver les apparences. Mais après plusieurs mois d'hésitation, l'amour éprouvé pour son acteur plus fort que celui qu'elle portait à sa fille, elle s'en alla, emportant avec elle tout ce qui pourrait avoir une valeur marchande. Dès lors, elle rejoignit la troupe d'Archibald en tant qu'actrice et son succès la mena sur les routes à travers la France entière. Elle était bien revenue à la capitale mais n'y était pas restée et surtout, n'avait pas retrouvé sa fille. Depuis peu toutefois, leur chef de troupe, un petit dramaturge italien, semble décidé à rester sur Paris. Anne-Marie tient peut-être là sa chance de devenir une grande actrice comme elle rêve de l'être depuis l'enfance, mais aussi de retrouver son enfant.

Si les artistes ont la réputation d’être des perfectionnistes au caractère exécrable, Guido en est bien la preuve ! Enfant de petits aristocrates de Mantoue, il a toujours connu la splendeur de l’art de la Renaissance italienne, époque révolue mais encore omniprésente. Profitant de son statut de fils cadet, résolument rebelle à entrer dans les ordres et à espérer devenir cardinal pour apporter prestige et gloire à sa famille, Guido quitte sa Mantoue natale et, après avoir fait le tour des grandes villes italiennes telles que Rome, Florence, Milan, Venise, prenant des conseils et améliorant son art ça et là, il finit par aboutir en France, à Paris, où il installe un atelier. Les débuts sont difficiles, sa famille le soutenant assez peu et son nom demeurant inconnu. Qu’à cela ne tienne, il parvient à se faire accepter à la prestigieuse Académie royale de peinture et de sculpture, déterminé à se baigner dans la culture française qui rayonne à travers l’Europe, sous l’influence de fer de son Roi.

Aujourd’hui, contrairement à ses débuts un peu rocailleux, Guido est parmi les peintres et sculptures les plus prestigieux et les plus recherchés de Paris, et sa renommée atteint même d’autres pays de l’Europe. Passionné par son art, rien ne l’empêchera d’atteindre la perfection artistique à laquelle il aspire, quitte à mécontenter quelques-uns! Prenez garde avant de critiquer quoi que ce soit : sa colère est explosive, et seul son art semble être le remède unique pour contenir son caractère bouillant.

Déjà enfant, on reprochait à Pierre d'avoir toujours la tête dans les nuages. Ses maîtres d'école n'ont cependant jamais eu rien à redire quant à ses performances académiques étant donné que le jeune fils d'avocat faisait preuve d'une intelligence hors du commun. Il aurait sans doute fait partie des grands plus esprits du royaume, si seulement il ne consacrait pas tout son temps et son énergie à des contes pour enfant sans queue ni tête ! Il ne s'est jamais marié, à vrai dire, fonder une famille est une idée saugrenue ne lui étant jamais venue par l'esprit. Pourtant, il n'a jamais manqué d'idées fantasques, comme les épopées qu'il couche sur le papier et qui ont débuté avec des carrosses volants permettant à ses héros de voyager jusqu'à la Lune...

Avant-gardiste autant que fabuliste, Pierre est un éternel curieux trop facilement fasciné par les bizarreries qui pullulent dans les coins les plus sombres de Paris. Aussi se mêle-t-il à divers complots, sans trop le vouloir. En se voulant observateur, il se retrouve souvent, bien malgré lui, au cœur de sordides affaires - ce que l'on ne ferait pas pour l'art ! La Reynie et ses agents ont bien vite vu que l'homme est plutôt inoffensif avec son accent du Sud, quoi que sans doute fou. Ils ont ainsi vu en lui un intermédiaire involontaire fort utile, bien qu'il leur donne régulièrement des migraines en raison de ses excentricités. Pierre n'a aucune idée du rôle qu'il joue entre les malfrats de Paris et la police, mais nul doute qu'il en tirerait un chef-d’œuvre littéraire !