Marie Messenier était née dans une famille ni bonne, ni mauvaise. Plutôt noble, les Messenier n'avaient pas la richesse des hauts placés. Ils étaient de ceux qu'on pointe du doigt lorsqu'on est pauvre, et qu'on toise lorsqu'on est riche. Ils étaient coincés depuis presque toujours dans cet entre deux social, qui leur donnait une place très inconfortable. Marie Messenier était la cadette d'une fratrie. Ses aînés, deux garçons avaient réussi à trouver une place plus ou moins agréable au service de nobles enrichis. Elle, sa dot trop petite, avait été forcée à rejoindre un couvent froid et glacial le plus rapidement possible.


      Marie passa une très large partie de sa vie dans un couvent. Les époux ne se bousculent pas lorsqu'on a peu d'argent. Les amitiés étaient difficiles, les filles qui passaient ne restaient jamais longtemps. Bientôt, elle fit partie des murs. Elle vit très mal cette période difficile, presque toute sa famille semblait l'avoir oubliée là. Heureusement, l'un de ses frères aînés, dont elle était proche durant son enfance, pris finalement soin d'elle et s'arrangea pour la sortir de cet enfer. Il la fit rencontrer un homme, le marquis Philippe de Cransac, qui était veuf depuis peu, son épouse étant décédée en couches.

      Le frère de Marie était un homme de main du marquis, il avait su mêler sa sœur à ce monde encore nouveau pour elle. Le marquis, de quelques ans son aîné avait tout de suite apporté de l'attention pour Marie, et cette dernière s'était laissée séduite assez facilement. Malheureusement cet idylle semblait infertile, l'homme ne semblait pas vouloir se remarier, et l'absence de dot, encore une fois, rendait Marie moins séduisante. Lorsque ce dernier lui proposa de travailler pour lui, c'est avec plaisir qu'elle accepta, dans l'espoir d'attirer son attention.
Elle était désormais la duègne de la fille aînée du marquis, elle devait l'accompagner à Versailles, surveiller sa bonne conduite, et surtout l'aider à trouver un bon parti.